L'information élevage par l'Alliance Pastorale

Après 2 ans de croissance, le nombre d’installations d’exploitants agricoles est en berne

Après une baisse entre 2018 et 2020, puis un rebond constaté entre 2021 et 2022, le nombre d’installations retrouve une tendance baissière en 2023.


En effet, les installations étaient en perte de vitesse 2018 et 2019 (respectivement - 2,8 % pour 13 925 unités, puis - 3,7 % pour 13 406 unités). En 2020, la baisse s’est intensifiée en raison de la crise sanitaire de la Covid-19 (- 6,7 % pour 12 508 unités). En 2021, un effet rebond s’est naturellement opéré, se traduisant par une hausse importante de 11,2 % pour atteindre 13 914 unités. En 2022, la dynamique de reprise s’est maintenue mais de manière plus modérée, atteignant un point culminant à 14 132 installations avec une hausse de 1,6 %. En 2023, la tendance s’inverse : 13 621 chefs d’exploitation s’installent. Ils sont donc 511 de moins qu’en 2022 à s’installer, ce qui correspond à une diminution de 3,6 %.

Une décroissance engendrée par l’érosion du nombre de jeunes installés

En 2023, l’effectif des chefs d’exploitation nouvellement installés âgés de 40 ans et moins - qui sont éligibles au dispositif d’aides à l’installation - s’établit à 9 249 personnes, en baisse de 6,8 % en un an. Cette nette diminution succède à une hausse marquée sur la période 2021-2022 (resp. + 10,5 % et + 1,7 %) et une baisse en 2020 et 2019 (resp. - 3,5 % et - 4,4 %). Le nombre de jeunes installés reste supérieur de 1 % à celui constaté en 2019. Ces jeunes installés représentent 67,9 % des nouveaux installés (contre 70,3 % en 2022).

Les installations tardives, i.e. concernant les personnes âgées de 40 ans et plus et ne résultant pas d’un transfert entre époux (3 911 personnes), sont à l’inverse en nette augmentation (+ 7,4 %) et représentent désormais 28,7 % des installations réalisées en 2023 (contre 25,8 % en 2022). Ce type d’installations a connu des évolutions fluctuantes ces dernières années : + 0,8 % en 2019, - 12,0 % en 2020, + 14,8 % en 2021 et + 2,9 % en 2022. En 2023, le nombre d’installations tardives est près de 12% plus élevé qu’en 2019.

Les installations tardives résultant d’un transfert entre époux (461 personnes) sont quant à elles en très nette régression (- 18,0 %). Ce type d’installation ne représente plus que 3,4 % des installés, et sa tendance d’évolution s’inscrit globalement à la baisse dans la durée : - 14,1 % en 2019, - 21,3 % en 2020, + 3,4 % en 2021 et - 7,9 % en 2022.

Une dynamique des installations très variable sur le territoire

Trois mêmes régions concentrent chaque année près de la moitié des installations des chefs d’exploitations.

Ainsi, en 2023, l’Occitanie (17,6% des installations), la Nouvelle-Aquitaine (15,2%), et l’Auvergne-Rhône- Alpes (13,4%) maintiennent cette tendance. Ces taux sont relativement stables d’une année sur l’autre. Si l’Occitanie voit son nombre d’installés augmenter (+2,7%), celui de la Nouvelle- Aquitaine et de l’Auvergne-Rhône-Alpes diminue (- 4,7% et - 8,2% respectivement).

 

À l’échelle départementale, trois départements contribuent à la hausse d’un point du nombre d’installés : le Gers (+46,8 %), la Haute Garonne (+21,3 %) et la Charente-Maritime (+18,0 %).

A contrario, trois départements contribuent à la baisse d’un point du nombre d’installés : le Gard (-21,3%), les Deux-Sèvres (- 27,1 %) et les Pyrénées-Orientales (- 30,9 %).


Une majorité d’installations sous forme sociétaire 

Depuis 2005, l’installation sous forme sociétaire est devenue majoritaire chez les jeunes installés (ceux âgés de 40 ans et moins) et, depuis 2012, elle représente entre 54 % et 57 % des installations. En 2023, 56,3 % des jeunes s’établissent en société, avec une prédilection pour les groupements agricoles d’exploitation en commun (GAEC, 24,5 % des installations) et les exploitations agricoles à responsabilité limitée (EARL, 14,7 %). Ce choix de statut juridique correspond à une tendance de moyen-long terme.

Le transfert entre époux se réalise logiquement sous une forme juridique en nom personnel (79,8 % des installations liées à un transfert entre époux). Pour les autres installations tardives (hors transfert entre époux), la forme sociétaire devient légèrement majoritaire en 2023, représentant 50,9 % des installations.

Accroissement de la superficie moyenne par jeune installé

Chez les jeunes installés, la superficie moyenne a crû régulièrement jusqu’en 2008, pour atteindre 36,8 hectares (contre 30,5 en 2000). Depuis lors, cette superficie avait légèrement reculé pour se stabiliser aux alentours des 35 hectares. En 2022 puis 2023, la superficie moyenne du jeune installé repart à la hausse pour atteindre respectivement 35,8 puis 36,6 hectares.

En 2023, la moitié des jeunes installés agricoles exploite en moyenne une superficie (par installé) inférieure ou égale à 20 hectares et un quart exploite plus de 55 hectares.

La superficie moyenne mise en oeuvre par les installés tardifs - hors transfert entre époux - se situe quant à elle à un niveau plus modeste et enregistre une diminution, passant de 23,5 à 22,5 hectares.

La moitié des installés tardifs - hors transfert entre époux - dispose de moins de 10 hectares et un quart d’entre eux met en valeur plus de 31 hectares.

Un taux de féminisation en hausse chez les jeunes installés

Le taux de féminisation pour l’ensemble des installés continue de croître et s’établit à 40,2 % (contre 39,6 % en 2022).

- Jusqu’en 2020, parmi les jeunes installés, la part des femmes oscille entre 27 et 31 %. En 2020, elle franchit le seuil de 32 %, puis continue de s’accroître pour atteindre 33,8 % en 2023.

- Parmi les installations tardives - hors transfert entre époux - les femmes deviennent pour la première fois minoritaires avec une part à 49,3 % en 2023 (contre 50,2 % en 2022, et 58 % sept ans plus tôt).

- Les installations par transfert entre époux concernent très majoritairement les femmes (90,7 % en 2023, contre 89,3 % en 2022). Cette part reste stable.

En 2023, la superficie moyenne exploitée par les femmes installées est de 26,7 hectares (contre 36,8 hectares chez les hommes). A noter que ces dernières sont majoritaires dans deux secteurs d’activités : l’élevage de chevaux (62,3 % de femmes) et l’entraînement, le dressage, les haras et clubs hippiques (61,3 %). Enfin, les femmes s’installent à 53,9 % sous forme sociétaire (contre 53,3 % chez les hommes).


Un taux de pluriactivité en augmentation

Depuis près de quinze ans, le taux de pluriactivité des nouveaux installés ne cesse de prendre de l’ampleur. S’il était de 30,6 % en 2010, il passe à 33,1 % en 2015, 35,8 % en 2018, 36,3 % en 2021, puis s’élève à 39,2 % en 2022. En 2023, 43,2 % des installés - jeunes ou tardifs - se déclarent pluriactifs. Ce taux progresse donc de sept points sur les deux dernières années. Un chef d’exploitation est dit pluriactif dès lors qu’il exerce plusieurs activités dont l’une au moins est agricole ; les autres types d’activité possibles étant : salarié agricole, salarié non agricole ou non salarié non agricole.

Près de quatre installés de 40 ans et moins sont pluriactifs. Ce taux est en hausse de près de 3 points en 2023 : il atteint 40,4 % pour les hommes (contre 37,9 % en 2022) et 39,3 % pour les femmes (contre 35,4 % en 2022).

Parmi les installés de plus de 40 ans - hors transfert entre époux -, plus de la moitié sont pluriactifs (51,5%) :

55,7 % en 2023 (contre 47,6 % en 2022) pour les hommes et 48,4 % en 2023 (contre 44,8% en 2022) pour les femmes. Lorsqu’il y a un transfert entre époux, le taux de pluriactivité est de 39,9 % : il est de 37,2 % pour les hommes et de 41,1% pour les femmes.

Tous les secteurs d’activité sont concernés par la pluriactivité. La plupart présente un taux compris entre 25 et 45%. Néanmoins un secteur se démarque des autres : les cultures céréalières ou grandes cultures, avec un taux de pluriactivité de 66,9 %.

Stabilité du taux de renouvellement des chefs d’exploitation

Le taux de renouvellement des exploitants agricoles est le ratio entre le nombre total de nouveaux installés (jeunes et tardifs hors transfert entre époux) et le nombre de chefs d’exploitation déjà en exercice. Ce ratio reste stable en 2023 à 3,4 % (identique à celui de 2022).

Un taux élevé de maintien dans l’activité agricole dans les six ans suivant l’installation

Parmi les chefs d’exploitation installés en 2017, 76,9 % exercent encore en qualité de chef d’exploitation en 2023 ; ce taux est stable sur la période 2021 à 2023.1

Le taux de maintien à 6 ans est extrêmement élevé pour les jeunes (85,6 %). Il est significativement plus faible pour les installés de plus de 40 ans : 63,1 % pour les installés hors transfert et 48,4 % pour les installés suite à un transfert entre époux. Les départs à la retraite étant inclus dans les arrêts, il est normal que la catégorie des installés les plus âgés affiche un taux de maintien plus faible.


Le taux de maintien à 6 ans varie sensiblement selon l’orientation économique de l’exploitant (tableau 1).

Pour l’élevage bovins-mixte, 93,7 % des jeunes installés en 2017 sont toujours exploitants agricoles en 2023.

Viennent ensuite, dans l’ordre décroissant du taux de maintien, les agriculteurs pratiquant la polyculture ou le poly-élevage, les éleveurs bovins-viande, les éleveurs bovins-lait, les céréaliers, les éleveurs porcins.


1 - Le taux de maintien à 10 ans est, quant à lui, logiquement un peu moins élevé : parmi les chefs d’exploitations installés en 2013, 65,9 % exercent toujours en 2023.

MSA


Sigles :

AMA : Activité minimale d’assujettissement

EARL : Exploitation agricole à responsabilité limitée

GAEC : Groupement agricole d’exploitation en commun

SMA : Surface minimale d’assujettissement

Smic : Salaire minimum interprofessionnel de croissance

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