Fièvre aphteuse - Faciliter le transport d’échantillons du terrain au laboratoire pour identifier les souches circulantes
Dans le cadre d’une lutte plus efficace contre la fièvre aphteuse, l’Anses a développé une méthode simple et économique pour transporter les prélèvements en cas de suspicion de la maladie. Cela permettra d’augmenter le nombre d’échantillons envoyés aux laboratoires de diagnostic afin d’identifier les souches circulantes.
Elle pourrait être utilisée dans les pays qui ne peuvent pas appliquer le protocole de transport standard, trop coûteux.
Un test antigènique converti en support de transport
Dans le cadre de ces mandats de référence pour l’OMSA et la FAO, l’Anses a développé un protocole de transport alternatif, facile et rapide à mettre en œuvre et ce à moindre coût. Les scientifiques sont partis du matériel déjà utilisé lors du recueil d’échantillons en cas de suspicion de fièvre aphteuse : « Des tests antigéniques, semblables aux autotests utilisés pour le Covid, sont utilisés sur le terrain, explique Sandra Blaise-Boisseau. Ils permettent de savoir en quelques dizaines de minutes si les animaux sont atteints de fièvre aphteuse mais n’indiquent pas la souche en cause. Nous nous sommes donc demandés s’il était possible d’utiliser ce support de test pour transporter les prélèvements jusqu’aux laboratoires de diagnostic. »
Tout d’abord, la possibilité de récupérer le virus et d’identifier la souche à partir du dépôt sur le test a été confirmée. Mais le virus étant infectieux, il est avant toute chose nécessaire de l’inactiver pour le transporter. Pour cela, les scientifiques ont testé plusieurs désinfectants connus pour être efficaces contre le virus de la fièvre aphteuse. Leur choix s’est arrêté sur l’acide citrique dilué à 0,2 %. La concentration choisie inactive le virus, le rendant donc incapable d’infecter des cellules tout en préservant suffisamment son matériel génétique pour identifier ultérieurement la souche auquel il appartient.
Cette méthode a été testée en conditions réelles au Nigeria et en Turquie. Le Pakistan a également participé aux essais avec des prélèvements présents dans leurs collections. « Chaque pays nous a envoyé 20 échantillons. Nous avons pu confirmer en laboratoire qu’il s’agissait du virus de la fièvre aphteuse dans tous les cas. Le sérotype impliqué, qui constitue le premier niveau de caractérisation des souches, a été identifié pour 86% des échantillons. En allant plus loin au niveau de la caractérisation, la souche a pu être identifiée pour 60% des échantillons. » se réjouissent les scientifiques. Pour certains échantillons, le génome était intégralement conservé.
