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Strongles de la caillette et petite douve : une suite logique...

Les autopsies et les coprologies montrent la même dominante pathologique sur ce début d’automne : les strongles de la caillette et la petite douve. Tous les deux sont une suite logique des événements météorologiques de l’été.

La petite douve

La petite douve, du fait de son affection pour les terrains secs, s’est bien développée cet été. Les saisies à l’abattoir des foies d’agneaux ont augmenté ces dernières semaines et l’impact commence à devenir sensible sur les mères. Le plus gros souci à cette époque de l’année est la décision de traitement. En effet, les produits de traitements sont adulticides : ils ne détruisent que les formes adultes de petite douve, soit une efficacité entière après 8 semaines de contamination. A cette saison, il y a un mélange de larves et d’adultes dans le foie (plutôt + de larves que d’adultes), les larves comme les adultes étant pathogènes. Un traitement allopathique précoce peut donc ne pas donner les résultats souhaités en laissant trop de larves pour que l’animal aille mieux. De plus, la plupart des brebis sont désormais en lutte et les molécules efficaces sur la petite douve peuvent avoir un impact sur le développement fœtal. La dangerosité est variable selon la dose et la molécule mais il est tout de même déconseillé de traiter les brebis dans le premier tiers de gestation.  Il est donc assez judicieux, à cette saison, d’utiliser plutôt un traitement du foie (hépatoprotecteur) à base de plantes qu’un vermifuge allopathique. Il est en général facile à donner et non traumatisant pour les animaux (dans l’eau de boisson ou dans un peu de céréales pendant 1 semaine). Ce traitement n’est pas actif sur les parasites mais il aide les animaux à vivre correctement malgré le parasitisme, il repousse l’échéance du traitement allopathique à un moment où parasites comme brebis sont au bon stade (décembre à février) sans pénaliser l’efficacité de la lutte.


Les strongles de caillette

Les strongles de caillette se sont développés partout où il y a eu un peu de pluie durant l’été (quelques millimètres de pluie suffisent à le réveiller) et plus récemment un peu partout du fait de la généralisation des précipitations. 

Ces pluies ont également permis le développement d’autres pathogènes tel que les myiases et les moucherons vecteurs de FCO. C’est donc sans surprise que l’on voit augmenter, en parallèle, les cas d’attaques d’haemonchus, de myiases et de fièvre catarrhale. Si l’un des 3 sévit sur votre secteur, soyez vigilant aux 2 autres. 

Pour mémoire, les strongles de la caillette anémient la brebis. On constate alors de la faiblesse, de la lenteur, éventuellement le signe de la bouteille -gonflement sous le menton- parfois de l’amaigrissement et de la mortalité brutale. La diarrhée est très rare avec ce parasite. Les myiases sont principalement podales pour le moment (lucillia et wohlfarhtia sont aussi fréquentes l’une que l’autre). Y songer si la brebis ne pose pas la patte, la secoue ou la mord ou si les onglons semblent s’écarter l’un de l’autre. Y songer également, si la brebis est couchée, fatiguée ou énervée, qu’elle est assise en chien ou qu’une zone marron de laine collée apparaît sur le dos ou la croupe. 

Pour la FCO, les symptômes peuvent évoquer les strongles de caillette mais le gonflement est davantage sur le mufle et les lèvres que sous le menton. Ne pas oublier non plus que les boiteries y sont associées (boiteries des 4 membres et du dos, évoquant une douleur généralisée). Pour différencier strongles de la caillette et FCO sur les cas douteux : les muqueuses (œil et gencives) : rouges ou bleues dans la FCO, blanc porcelaine pour les strongles et le thermomètre : fièvre dans la FCO (39° à 41°), température normale à basse pour le parasitisme (37° à 38,5°). Attention, l’association des 2 (ou des 3) est possible, les chances de survies en sont alors réduites.  



Delphine Daniel
Dr Vétérinaire

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