- Par GNIS
Colza fourrage
Dans bien des cas, le colza-fourrage permet aux éleveurs de disposer de fourrage vert à une période, l’automne, où les prairies et les autres plantes fourragères ont du mal à produire.
Grâce à leur résistance au froid, certaines variétés peuvent être semées à l’automne pour récolte en fin d’hiver ou tôt au printemps.
Quels sont les avantages et les limites du colza-fourrage ?
Le cycle de végétation du colza est très court : suivant les variétés, 60 à 80 jours suffisent après le semis pour récolter 4 à 5 tonnes de matière sèche à l’hectare.
Le colza-fourrage s’intercale donc très bien entre deux cultures principales ; il est même utilisable en engrais vert pour améliorer la structure du sol.
Le colza-fourrage donne du vert en automne, quand la plupart des plantes fourragères ont du mal à produire : les animaux peuvent donc rester au «régime vert», ce qui est bénéfique pour leur santé. De plus, les réserves de foin ou d’ensilage sont préservées car les retours en stabulation ou en étable sont plus tardifs.
Le colza-fourrage est riche en matières azotées digestibles : 0,85 UFL et 140 g de MAD par kg de MS., teneurs minimum au stade «feuillu», à l’âge de 70 à 90 jours ; de ce fait, il permet d’économiser une partie des concentrés achetés à l’extérieur.
Le colza-fourrage est une culture facile à réussir et peu coûteuse : il demande peu de travail du sol et s’adapte même bien au semis direct ; il est peu exigeant en fumure.
Le colza-fourrage piège les nitrates. En occupant le sol en automne et en hiver, saisons pluvieuses, il permet de lutter contre la pollution des nappes phréatiques.
Il faut limiter la part du colza à 40 % de la matière sèche totale de la ration, et cela quelle que soit l’espèce animale. En fait, le colza-fourrage est un remarquable complément de l’ensilage de maïs qui, lui, est relativement pauvre en matières azotées digestibles (45 g/kg de M.S.).
Le colza-fourrage demande à être bien exploité ; en pâturage au fil, il faut disposer d’un front d’attaque suffisant et d’un sol portant : en ensilage, le colza doit être bien ressuyé pour éviter un trop fort écoulement des jus au silo.
Implantation du colza fourrage
Le colza-fourrage s’accommode de sols variés. Toutefois, les terres profondes dotées d’une bonne réserve en eau et un climat humide favorisent la réussite de la culture, en particulier à la levée.
Quand semer ?
Pour pouvoir exploiter le colza-fourrage dans le courant de l’année, le semis doit être effectué entre mars et fin août, voire fin septembre dans le sud de la France. Afin de profiter au mieux des réserves en eau du
sol, il est conseillé de semer tout de suite après la récolte de la culture précédente.
Comment préparer le sol ?
Après céréales, il est nécessaire d’enlever la paille ou de la broyer et de la disperser. En conditions normales, le passage d’un outil à dents rigides (cultivateur lourd ou chisel) à 25 cm de profondeur est généralement suffisant pour préparer le semis. Dans les terres à bonne structure, la technique du semis direct (sans travail du sol) peut également être employée.
Le semis
Il est recommandé de semer le colza-fourrage avec un semoir à céréales (de préférence équipé de stabilisateurs de profondeur), sur des lignes espacées de 15 à 25 cm et à une dose de 8 à 10 kg/ha. En général, il faut semer le colza à 2 cm de profondeur. En conditions sèches, il peut être utile de semer à 3-4 cm ; en sol battant, ne pas dépasser 2 cm, quelles que soient les conditions climatiques. Il faut tenir compte de la richesse du sol et des apports en matières organiques (fumier, lisier). On conseille d’apporter au semis environ 80 unités/ha d’azote. En culture dérobée d’été, il faut parfois épandre 80 unités/ha si l’on veut obtenir, en un temps très court, une importante masse de fourrage. Vous apporterez également de la potasse et de l’acide phosphorique. En cas d’attaque d’altises, il est parfois utile de traiter. Le traitement sera effectué au moins 15 à 20 jours avant que les animaux ne consomment le colza-fourrage.
Comment désherber ?
En culture de printemps ou d’été, le colza se développe rapidement et sa végétation fournie étouffe le plus souvent les adventices. En culture d’hiver, les graminées peuvent être plus gênantes. Un traitement de rattrapage en post levée peut être effectué avec un des nombreux désherbants anti graminées sur le marché.
Comment l’exploiter ?
- Le mode d’exploitation le plus courant est le pâturage rationné au fil électrique.
Quand il est consommé en vert, c’est en pâturage rationné au fil électrique que le colza-fourrage est généralement proposé aux animaux. En effet, cette technique permet de limiter le gaspillage ainsi que la surconsommation. Il faut choisir une parcelle avec un large front d’attaque, c’est-à dire qui puisse offrir une largeur d’au moins 5 mètres de pâture à chaque vache. L’affouragement en vert pour distribution à l’auge est possible, notamment quand la parcelle est trop éloignée pour y amener le troupeau.
- Il est également possible, avec le colza-fourrage, de faire de l’affouragement en vert ou de l’ensilage.
Pour ensiler le colza-fourrage, il faut procéder de la façon suivante :
- attendre le stade de végétation optimum de la variété choisie, c’est à dire le moment où sa teneur en matière sèche (11 à 14 %) est la plus élevée et où sa teneur en sucre (15 à 20 % de la matière sèche) est favorable,
- si le temps le permet, laisser le fourrage se ressuyer au champ,
- hacher le colza assez finement(brins de 2 à 4 cm de long) en utilisant une ensileuse à couteaux,
- prendre soin de ne pas apporter de terre au silo
- ne pas tasser fort, à la différence des silos d’ensilage d’herbe ou de maïs,
- limiter les pertes en jus en additionnant de la pulpe sèche au silo, à raison de 150 kg par tonne d’ensilage, ou en incorporant de la paille finement hachée ou encore en disposant une couche de 50 cm de paille dans le fond du silo.
Bien qu’on puisse s’en passer si le colza est ensilé ressuyé et par temps sec, l’adjonction de mélasse ou d’un conservateur favorise l’abaissement de l’acidité et donc la conservation de l’ensilage.
Si votre production de colza-fourrage dépasse les besoins de votre troupeau, vous pouvez l’enfouir car le colza constitue un excellent engrais vert : il enrichit le sol en matière organique, en améliore la structure
et la portance. De plus, il restitue au terrain, lors de son enfouissement, 60 à 80 unités d’azote à l’hectare.
Comment faire pâturer du colza-fourrage ?
- Pendant 8 à 15 jours, vous devez habituer progressivement vos animaux au colza,
- Par la suite, faire pâturer au fil pendant 2 à 3 heures seulement, l’après-midi de préférence,
- Arrêter la consommation une heure avant la traite pour que le lait n’ait pas le goût de colza,
- Equilibrer la ration par un apport de matière sèche important (foin, ensilage de maïs, pulpe de betterave déshydratée...).
Valeur alimentaire
Selon l’année et la richesse en feuilles de la variété, les valeurs présentées dans le tableau ci-dessous peuvent varier dans une fourchette allant de 10 à +10%. En ensilage bien conservé, des valeurs identiques peuvent être obtenues.
Ces chiffres montrent que le colza fourrage est riche en matières azotées totales (17 à 20 % de matière sèche), et notamment en protéines digestibles (de 120 à 160 g de M.A.D. par kg de matière sèche). Cette bonne valeur nutritive permet d’économiser une partie des concentrés achetés à l’extérieur. Riche en feuilles, le colza-fourrage est bien consommé par les animaux. Exemple de ration pour vaches laitières.
Voici un exemple de ration pour une vache produisant 19 kg de lait par jour environ :
- 10 kg de matière sèche d’un ensilage de maïs de qualité (à 30-33 % de M.S.)
- 3 kg de matière sèche de colza pâturé au stade «début bourgeonnement »
- 1,3 kg de tourteau de soja 48 tanné (ou 1,75 kg de tourteau de colza tanné).
Choix le la variété
La bonne variété de colza fourrage est celle qui arrive au stade de végétation le plus intéressant (maximum de valeur alimentaire) au moment où vous voulez l’exploiter. Il s’agit donc de connaître le délai entre semis et récolte qui vous convient.
Ce délai permet de classer les variétés en 3 catégories.
- Si vous avez besoin de votre colza au plus vite,choisissez une variété précoce. Le délai de développement jusqu’au stade bourgeonnement début floraison est d’environ 8 semaines à partir du semis. Ces variétés fleurissent à l’automne. Vu leur croissance rapide et leur faible résistance au froid, elles doivent être pâturées ou ensilées avant floraison et avant l’hiver.
- Si vous pouvez attendre 10 à 12 semaines après le semis, une variété demi précoce est intéressante. Comme elle ne fleurit pas à l’automne, son meilleur stade de végétation est atteint lorsque les tiges s’allongent. Si l’hiver est doux, une variété demi précoce peut être exploitée plus tard qu’une variété précoce.
- Si vous pouvez semer très tôt, au début de l’été par exemple, vous pouvez tirer parti des variétés tardives qui sont les plus productives. Après le semis, 12 semaines et plus sont nécessaires pour que les feuilles atteignent leur développement maximum. C’est à ce stade qu’on a avantage à les exploiter. Comme les variétés tardives ne fleurissent pas à l’automne et qu’elles résistent bien au froid, on peut les garder sur pied pour les exploiter au printemps suivant (stade montaison).
Rappelons qu’en dessous de 5 °C, le colza ne pousse pas.