Hivernage des animaux

En période hivernale, il faut combiner le maintien des animaux en bonne santé, leur besoin de sortie quotidienne et la préservation des surfaces fourragères pour le printemps suivant.

Une attention particulière doit être portée aux équidés maintenus à l’extérieur lorsque les conditions climatiques sont défavorables (froid et humidité).

L’utilisation des pâtures est possible par les équidés à condition de ne pas dégrader excessivement le couvert végétal et respecter 2 mois de repos sans animal sur les parcelles destinées au pâturage printanier.

Hivernage des animaux

Conduite des équidés

Supporter les températures hivernales

Les besoins d’entretien correspondent à la quantité d’énergie nécessaire à la vie du cheval et à son activité lorsqu’il n’assure pas de production (lactation, gestation, travail) pour se maintenir à poids constant dans sa zone de neutralité thermique.
Sous des climats tempérés, la zone de température de +5°C à +25°C est la plage à laquelle l’organisme n’a pas de dépense d’énergie supplémentaire à fournir pour maintenir la température interne du corps.
Pour les chevaux adultes adaptés à des conditions climatiques froides, cette plage est comprise entre -10°C et +16°C.
Les effets de température basses augmentent avec la pluie et le vent.
Ainsi en hiver, les équidés, capables de supporter des températures basses, peuvent être entretenus à l’extérieur à condition qu’ils puissent s’abriter des vents dominants (abri naturel composé de haies, bosquets) voire de la pluie (abri artificiel ou couverture individuelle).
Le port de la couverture sera réservé aux animaux les plus susceptibles de perdre de l’état (vieux chevaux) ou ceux pour lesquels on souhaite maintenir une robe propre (chevaux au travail par exemple). On évitera de couvrir les équidés dont le surpoids est installé et on profitera de l’hiver pour les faire maigrir avant la prochaine saison de pâture.

Note d’état corporel

Les poils longs de la robe peuvent conduire à des erreurs d’appréciation visuelle de l’état d’engraissement de l’animal. Il est important de bien apprécier l’épaisseur de tissu gras par pression de la paume de la main bien ouverte et sous les doigts au niveau des côtes, du garrot et du chignon.
Un cheval ou poney adulte à l’entretien peut tout à fait maigrir en hiver (note 2 à 2,5) pour reprendre de l’état à la pousse de l’herbe (note 3,5-4). Il fait alors «l’accordéon» sans porter préjudice à sa santé.

Surveillance accrue des animaux sensibles

En hiver, il faudra apporter une attention particulière aux jeunes et vieux équidés plus sensibles que les adultes.
Souvent dominés, les jeunes et les vieux chevaux n’ont pas toujours accès à volonté à la nourriture à disposition. Aussi, leur protection immunitaire contre les maladies n’est pas acquise (jeunes) ou est déclinante (vieux).

Inspection des membres et du corps 

Les membres des équidés sont sujets à des infections lorsque la boue ou l’humidité est excessive.  On contrôlera régulièrement l’absence de crevasses au niveau des boulets et des plis du pâturon, surtout pour les chevaux possédant des balzanes, blanches pour lesquelles la peau est plus sensible. Les abcès provoquant des boiteries fortes sont aussi plus courants en période hivernale.

Pour les chevaux ferrés, on inspectera régulièrement l’état de la corne et des fers en soulevant les pieds.

On pourra couper le bout de la queue juste en dessous du jarret pour limiter l’agglomération de boue dans les crins engendrant un frottement humide le long des membres.

Pour les chevaux portant une couverture, l’absence de blessure au niveau des zones de frottement sera vérifiée (garrot, pointes des épaules, passage des sangles à l’intérieur des cuisses) en retirant complètement et régulièrement la couverture. De même l’étanchéité au niveau des reins, au niveau des coutures de la couverture sera inspectée. Mieux vaut un cheval non couvert qu’un cheval mouillé sous sa couverture !

Alimentation

Affouragement

Le fourrage (foin, enrubanné) est le principal aliment nécessaire au cheval entretenu en plein air lorsque la ressource en herbe se raréfie.Lorsque les conditions météorologiques se dégradent et que la ressource en herbe s’appauvrit, le fourrage peut être apporté à volonté. Il sera d’autant plus apprécié par les chevaux lorsque le temps est très humide ou en période de gel.L’apport de fourrage limitera le report vers d’autres végétaux qui pourraient être «attaqués» mais que l’on souhaite préserver (arbres, haies). Ces végétaux divers sont aussi potentiellement une source d’intoxications.

Comment affourager ?

Le râtelier approvisionné par l’extérieur est l’idéal pour limiter la formation d’ornières dans la pâture.
Par mesure d’économie, on pourra couvrir la balle par un filet à petites mailles pour limiter l’étalage de foin au sol.
Affourager à même le sol engendre plus de gaspillage mais donne l’avantage de changer l’emplacement et limiter le défoncement du sol.
On sera vigilant à offrir des places d’affouragement pour tous les animaux, notamment les dominés en espaçant et multipliant les zones d’affouragement.


Abreuvement et minéraux

Eau

Lors d’affouragement sec (foin, enrubanné), les besoins en eau sont accrus. Un système d’abreuvement opérationnel est indispensable à proximité de la zone d’alimentation (abreuvoirs automatiques, système antigel...).
 En conditions de températures froides : Anticiper la période de gel en remplissant au préalable les bacs non-automatiques pour éviter d’apporter de l’eau au bidon lorsque les tuyaux sont gelés. En période de gel, mieux vaut casser la glace sur une zone localisée de la surface du bac plutôt que de retirer le bloc de glace à chaque fois. Plus la quantité d’eau est faible dans le bac et plus la pellicule de glace sera importante. La mise en place d’un bâton en travers dans l’eau (à condition que les chevaux n’y touchent pas) limite la prise en masse de glace.

Minéraux

Un bloc de sel en self service sera placé de préférence en hauteur (poteau, intérieur de l’abri) pour limiter sa dissolution au sol.


Apporter des concentrés ?

Les chevaux à l’entretien ou au travail léger peuvent être nourris essentiellement à l’herbe et aux fourrages l’hiver. On réservera l’apport de concentrés aux animaux à forts besoins (poulains en croissance, jument en fin de gestation ou début de lactation, vieux chevaux sujets à l’amaigrissement). L’apport de concentrés est souvent source de conflit entre les animaux, il est préférable d’éviter d’en apporter au sein d’un groupe de chevaux.  

Les lots d’animaux maintenus ensemble seront homogènes (mêmes besoins alimentaires). Complémenter un seul cheval non dominant au sein d’un groupe nécessite du temps pour l’isoler afin de le nourrir individuellement.


Conduite des pâtures

En période hivernale, le repos du couvert végétal est essentiel pour garantir la pérennité par la repousse des végétaux attendue au printemps. Une période minimale de 2 à 3 mois sans animaux permet de faire reposer le végétal. Il ne sera alors ni piétiné, ni rasé jusqu’à la racine comme les chevaux peuvent le pratiquer en hiver.

Cependant, il est bénéfique de faire consommer l’herbe d’automne pour obtenir un couvert végétal court et homogène en hiver, qui favorisera une meilleure repousse printanière des graminées.
Ainsi, un automne doux (jusqu’aux gelées) permet à l’herbe de continuer à pousser et représente une ressource alimentaire suffisante pour les équidés à besoins faibles ou modérés. Attention cependant à ne pas pratiquer le sur-pâturage (pas en dessous de 5-6 cm), pour ne pas porter préjudice à la repousse printanière.
L’idéal est de pouvoir entretenir les animaux en dehors des parcelles affectées au pâturage printanier lorsque l’humidité devient trop importante.

Stabulation ou aire stabilisée avec abri

Le logement collectif en stabulation ou abri avec aire stabilisée permet de maintenir les animaux à l’abri et au sec tout en préservant l’intégralité des surfaces fourragères pendant l’hiver. L’affouragement est facilité en disposant plusieurs râteliers. L’activité locomotrice des équidés est possible mais limitée. Plusieurs recommandations en m²/cheval sont recensées (en moyenne 6-10 m²/cheval.Par temps de gel en profondeur, il est possible de sortir les chevaux sous réserve que le couvert n’ait pas été défoncé pendant la période de pluie (risque de fracture, entorse ou abcès au pied).

Plein-air intégral

Le logement en plein air intégral est possible pour les équidés à condition de disposer de suffisamment de surface. Une zone d’affouragement avec râtelier peut être aménagée en décaissant la terre végétale et en y apportant du calcaire ou des plaquettes de bois sur un rayon de 10 m autour du râtelier. La parcelle restreinte, affectée à l’affouragement est alors sacrifiée (parcelle de «blocage»).

Pratiquer le pâturage tant que le sol est portant

Pâturage tournant :

Tant que le sol est portant, une rotation sur plusieurs pâtures permet de maintenir le pâturage des chevaux sans ou avec un apport modéré de fourrages entre la mi-novembre et fin janvier. Dès que la sous-parcelle est consommée (maxi 5-6 cm d’herbe restante) ou le couvert se dégrade de trop (en fonction de la pluviométrie), les animaux sont changés de parcelle.
Au moment de la période la plus humide (janvier-février), la rotation s’interrompt pour occuper uniquement la parcelle d’affouragement «sacrifiée» et faire bénéficier de 2 à 3 mois de repos les autres parcelles.

Pâturage continu :

Lorsqu’une grande surface en herbe est disponible, un pâturage extensif (ex : 0,5 ha à 1 ha/chl selon portance et conditions météo) peut être pratiqué. Le repos de 2 à 3 mois avant le redémarrage de la végétation dans les parcelles prévues pour le pâturage printanier est primordial. Cependant, si la parcelle n’est pas utilisée avant la fin du printemps (fauche par exemple), le pâturage hivernal peut être pratiqué jusqu’à la fin de l’hiver.

Surveiller l’état des clôtures. En hiver, la végétation des haies disparaît et les clôtures barbelées éventuellement présentes dans les haies sont plus apparentes.