- Par Laurent Saboureau
IgY. Nouvelle approche immunitaire et évolution de gamme
Un manque d’immunité chez les ruminants nouveau-nés
Chez l’agneau et le chevreau nouveau-nés, comme chez le veau, la sensibilité aux infections du tube digestif est maximale dans les premiers jours de la vie (figure 1). En effet, chaque animal naît avec un tube digestif « stérile » et sans immunité propre.
Un manque d’immunité chez les ruminants nouveau-nés
Chez l’agneau et le chevreau nouveau-nés, comme chez le veau, la sensibilité aux infections du tube digestif est maximale dans les premiers jours de la vie (figure 1). En effet, chaque animal naît avec un tube digestif « stérile » et sans immunité propre. Chaque germe ingéré dans les premières heures de vie va donc pouvoir coloniser librement l’espace. En cas de germe pathogène, cette colonisation va conduire à une maladie néonatale d’abord digestive (colibacillose, cryptosporidiose…) puis éventuellement généralisée (septicémie). Diarrhée, amaigrissement, déshydratation et mort plus ou moins rapide en l’absence de traitement sont alors les symptômes observés.
Pour éviter cette ingestion de germes pathogènes, l’hygiène de la litière et des lieux de mise-bas est essentielle. Désinfection avant mise-bas, paillage abondant, lutte contre l’humidité de la litière sont autant de précautions à prendre. Si des germes pathogènes sont malgré tout présents et ingérés, c’est le colostrum, en particulier grâce à ses anticorps (immunoglobulines G ou IgG) qui sera le premier rempart défensif. Il faut pour cela que la mère le produise en quantité suffisante et que le jeune ait la force et la possibilité d’en téter en quantité suffisante et suffisamment tôt.
Autant d’éléments qui font que parfois ce rempart colostral maternel est insuffisant. Lorsqu’il est suffisant, il assure une protection qui va progressivement mais rapidement diminuer au fur et à mesure que les anticorps maternels sont éliminés, avant même que l’immunité propre du jeune animal n’ai pu se développer parfaitement. D’où l’intérêt de renforcer cette protection colostrale, de façon systématique ou au moins chez les nouveau-nés les plus exposés.
Renforcer l’immunité digestive des jeunes ruminants
La solution la plus connue pour renforcer l’immunité des jeunes animaux est de compléter le colostrum maternel par un colostrum préalablement congelé ou une solution colostrale du commerce, en poudre ou en seringue.
La nature nous montre une autre voie possible. Autrefois, des œufs de poules étaient distribués aux animaux fragiles dans le but d’améliorer leurs défenses immunitaires. En effet, contrairement aux ruminants, les poules transmettent à leurs poussins, avant l’éclosion et par le biais du jaune d’œuf, des immunoglobulines, appelées IgY, dont le profil dépend des agents pathogènes auxquels ces poules sont confrontées.
Pour les ruminants, l’intérêt de ces IgY est d’avoir un poids moléculaire plus élevé et une structure différente des IgG de mammifères, leur permettant :
- D’avoir une affinité élevée avec les germes contre lesquels ils ont été produits,
- De ne pas passer la barrière intestinale.
Ainsi, une fois ingérées par le jeune ruminant, les IgY vont se fixer avec une grande affinité sur les agents pathogènes présents dans le tube digestif, les bloquer en les empêchant de se lier à la muqueuse digestive et les éliminer via l’excrétion fécale (figure 2).
La production des IgY destinées aux jeunes ruminants
Le principe consiste à vacciner des poules contre les maladies digestives néonatales des jeunes ruminants, puis d’extraire du jaune de leurs œufs les anticorps correspondants sous forme d’IgY et d’administrer ceux-ci par voie orale aux agneaux, veaux ou chevreaux (figure 3). L’avantage de cette production est d’obtenir rapidement des immunoglobulines en quantité élevée (un œuf par jour et par poule), mais également facile à isoler par déshydratation du jaune d’œuf.
Le procédé exact d’extraction des IgY et les contrôles réalisés tout au long de la chaîne de production sont présentés dans la figure 4.
Une gamme qui s’étoffe
La gamme de produits enrichis en IgY comprenaient depuis plusieurs années deux aliments destinés aux jeunes ruminants :
- GLOBIGEN COLOSTRUM, 0200615 aliment complémentaire à base de colostrum dans lequel les IgY complètent l’apport en IgG d’origine bovine, en protéines, en matières grasses et en vitamines ; ce complément colostral est indiqué chez les veaux, agneaux, chevreaux n’ayant pas reçu ou insuffisamment de colostrum de leur mère et se distribue le plus tôt possible après la naissance et dans les 24 premières heures.
- AGNOLAC CABRILAC, 0200008 aliment complet d’allaitement supplémenté en IgY pour améliorer l’hygiène digestive des ruminants nouveau-nés ; cet aliment est indiqué pour le démarrage à l’allaitement artificiel des agneaux et des chevreaux, surtout ceux ayant manqué de colostrum ou faibles.
Cette gamme s’enrichit aujourd’hui d’un nouvel aliment complémentaire, GLOBIGEN LAMB DOSER 0110175.
Son objectif est de soutenir la santé intestinale des agneaux et chevreaux nouveau-nés en milieu infectieux défavorable, et de stimuler les performances de croissance et de consommation, tout en réduisant les mortalités. Contenant 20% d’ovoproduits (extraits du jaune d’œuf) séchés, cette préparation liquide se distribue dès la naissance, à la seringue et à raison de 4 ml par animal, ou dans les cas difficiles à raison de 2 ml par animal et par jour pendant 3 jours.