- Par AP
La Préalpes du sud. Une brebis en souplesse d’utilisation
Apparentée aux races des Pyrénées pour certains, à une race de Syrie pour d’autres, son origine reste peu connue. Cette population fut longtemps gérée et désignée sous des noms différents par des
syndicats locaux qui la baptisaient race de Savournon, de Sahune ou de Quint, du nom de la région où se tenaient les foires de reproducteurs. La race fut définitivement baptisée Préalpes du Sud en 1948.
Le berceau de la race est situé sur les contreforts des Alpes, à la limite des départements de la Drôme, des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence et du Vaucluse. Le territoire de cette région (collines essentiellement jurassiques et crétacées) et le climat méditerranéen contribuèrent à l’unité de cette population.
Son aire géographique actuelle se trouve principalement sur les départements des Alpes-de-Haute-Provence, Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, Drôme et Ardèche. On la trouve aussi sur le Vaucluse,
le Gard et l‘Hérault.
241 100 brebis étaient recensées au dernier RGA.
Standard de race, caractéristiques et performances
La Préalpes du Sud est un animal de format moyen (55-70 kg pour les brebis et 75-100 kg pour les béliers) à peau et à toison blanches. La tête est fine, allongée et sans corne, le chanfrein un peu busqué et le front plutôt large. La couverture de laine est moyenne à faible, s’arrêtant le plus souvent à mi-flanc mais certains éleveurs sélectionnent des animaux avec une couverture de laine plus importante. Ceci est à mettre en relation avec l’évolution des systèmes d’élevages et la présence de cette race dans les zones de montagne.
La Préalpes possède une bonne capacité à résister à la chaleur, et à valoriser des ressources fourragères grossières (parcours, garrigues). Sa rusticité lui permet également de très bien se comporter en estive pour les troupeaux qui transhument. Cette brebis a une bonne aptitude au dessaisonnement, caractéristique recherchée pour une production à contre-saison notamment pour les signes officiels de qualité.
Elle dispose aussi d’un bon potentiel boucher et d’un bon potentiel de croissance, lui permettant d’être le plus souvent utilisée en race pure pour une production d’agneaux de boucherie. Elle se prête également au croisement avec des béliers viande comme les Berrichons du Cher, ce qui améliore la conformation et les vitesses de croissance.
C’est aussi une brebis très souple d’utilisation, qui s’adapte très bien à des conduites extensives sans aucune complémentation, mais également à des conduites plus intensives avec trois agnelages en deux ans.
Systèmes d’élevage et type de production
Les milieux occupés aujourd’hui sont variés (plaines de la Durance, plateaux, haute montagne), ce qui explique une grande diversité des systèmes associés à cette race. Le plus souvent, la Préalpes est exploitée dans des systèmes spécialisés ovins, ou dans des systèmes où la production ovine est dominante, avec un complément de vente de foin et de céréales.
On peut identifier trois grands systèmes :
• L´élevage avec une conduite plus intensive est pratiqué dans les zones à bonne production fourragère : le troupeau est généralement sédentaire avec une partie d´hivernage en bergerie plus ou moins longue.
Il est conduit en deux périodes d´agnelage (février-mars et août-septembre) voire en trois agnelages en deux ans.
• L´élevage avec une conduite plus extensive est pratiqué dans les zones de grands parcours secs (garrigues, plateaux) : la conduite du troupeau est liée à une pratique pastorale importante et est le plus souvent calquée sur la pousse de l´herbe. La période d´agnelage se situe logiquement au printemps, afin de profiter au mieux de ces ressources fourragères.
• L´élevage de montagne est caractérisé par une alternance de périodes d´hivernage en bergerie et de périodes d’estives. Les éleveurs ont alors recours à des brebis plus lainées. Les agnelages ont lieu principalement à l’automne avec un rattrapage au printemps.
Tout ceci conduit à une grande variabilité de types de produits de boucherie : agneaux de bergerie, agneaux lourds vendus au retour de la transhumance... Une part des femelles est utilisée pour le croisement avec des béliers de races bouchères.
Schéma de sélection
Le schéma de sélection repose sur 21 élevages pour près de 6789 brebis soit en moyenne des troupeaux de 323 têtes (Bilan contrôle de Performances 2009). Les élevages sont situés sur 3 régions : Languedoc-Roussillion, Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Rhône-Alpes et sur 9 départements.
La sélection génétique se fait prioritairement sur la voie mâle et sur ascendance : les mâles retenus sont sélectionnés à partir des performances de leurs parents.
Les principaux objectifs du schéma de sélection de la race sont :
• Conservation des caractères de la race : morphologie générale de l’animal, rusticité, dessaisonnement
• Amélioration des qualités maternelles, de la valeur laitière et de la prolificité des brebis
• Amélioration de la résistance à la tremblante
Les performances des brebis recueillies sur 1 mise-bas permettent de classer les femelles. Dans la base inscrite, la répartition est la suivante : 25% de mère à béliers et 23% de mères à agnelles. La prolificité moyenne des brebis est de 1,37 et peut atteindre 1,6 dans les meilleurs élevages.
Le centre d’élevage des jeunes béliers Préalpes du Sud se trouve à Carmejane (Alpes-de-Haute-Provence) qui accueille également les races Mérinos d’Arles et Mourérous. Chaque année, le centre d’élevage reçoit 2 bandes d’une soixantaine de béliers de 4 mois rentrant en janvier et juillet. Ils sont choisis parmi les agneaux nés des meilleures brebis de la race (valeur laitière, prolificité, résistance à la tremblante).
L’insémination artificielle constitue un outil indispensable du schéma de sélection. Elle permet une bonne connexion des troupeaux entre eux (meilleure fiabilité des index et une diffusion importante des meilleurs béliers. Chaque année, environ 600 inséminations artificielles en Préalpes du Sud sont produites par le GIE US ROM à Mazeyrat d’Allier (Haute Loire).
Jusqu’en 2008, afin d’améliorer les qualités bouchères et maternelles, les béliers rentraient en station de contrôle individuel puis les meilleurs étaient testés sur descendance par le biais de l’insémination artificielle.
Des résultats visibles
Depuis 1978, la valeur laitière des Préalpes du Sud a augmenté de manière importante grâce à la sélection : l’index valeur laitière est passé de +1 à +13 entre 1978 et 2007. Même si l’accent a été surtout mis sur la valeur laitière, la prolificité a également augmenté entre 1983 et 2007.
Les projets en réflexion ou en cours :
• La sélection sur la couverture de laine
• Le comportement maternel et facilité de conduite
• La mise en place d’un schéma simple étage.
En savoir plus : OS Races Ovines du Sud Ouest - Maison Régionale de l’élevage - Route de la Durance - 04100 Manosque
Crédit photos : Maison Régionale de l’élevage ; Divagri