- Par Laurent Saboureau
Parasitoïdes des mouches : infos et nouveauté
vec le retour des beaux jours et des températures plus clémentes, les premières mouches vont faire leur apparition en élevage. Pour s’en convaincre, il suffit d’installer quelques feuilles d’étable enduites d’une couche autocollante dans les bâtiments et de constater le nombre de mouches qui viennent s’y coller.
C’est donc le bon moment pour intervenir dans les bâtiments d’élevage pour mettre en place un protocole de lutte efficace, qui évitera d’être envahi dans les semaines à venir et limitera ainsi les nuisances dans le quotidien des animaux et de l’éleveur.
C’est en particulier le cas pour la lutte biologique, si cette solution a été retenue dans l’élevage. C’est maintenant qu’il faut effectuer les premiers lâchers de parasitoïdes des mouches domestiques.
Rappel sur les mini-guêpes
Les mini-guêpes pondent leurs œufs dans les pupes (nymphes) de mouches, à raison d’un œuf par pupe. La jeune mini-guêpe qui va naître consomme alors la larve en phase de devenir une mouche adulte. Les mini-guêpes adultes issues de ces œufs vont à leur tour aller parasiter des pupes de mouches (quatre à cinq dans la même journée) et ainsi aider à réduire la pression d’insectes dans le bâtiment d’élevage. De cette manière, un équilibre se créé progressivement entre les mouches et leurs parasitoïdes, les mini-guêpes. Ces parasitoïdes ne sont jamais envahissants de par leur très petite taille et de par leur mode de vie. Ils sont tout à fait inoffensifs pour l’homme, l’animal et l’environnement.
Le produit MINI-GUEPE MG
est un mélange à 50/50 de deux espèces particulièrement adaptées aux élevages de ruminants : Muscidifurax raptor et Spalanzia cameroni.
Muscidifurax est une mini-guêpe parasitoïde de la mouche domestique et probablement l’auxiliaire le plus utilisé dans le monde. Long d’1 mm, cet hyménoptère ne pique ni l’homme ni les animaux car il n’a pas de dard. Une femelle Muscidifurax tue en moyenne 100 pupes de mouches durant sa vie. Muscidifurax parasite les pupes de mouches qui se trouvent en surface des litières sèches (3 centimètres environ).
Spalanzia est une autre mini-guêpe qui apprécie les pupes qui se trouvent en profondeur. On la rencontre fréquemment à des profondeurs supérieures à 10 cm. Par cette caractéristique, elle est très complémentaire de Muscidifurax car elle s’installe même lorsque la population de mouches est faible. Par contre, son potentiel de ponte reste limité (40 œufs par femelle au cours d’une vie de 28 jours). Naturellement, la population de Spalangia est très élevée durant les mois de septembre et octobre.
MINI-GUEPE MG se présente sous forme de boîtes contenant des pupes de mouches contaminées par ces deux mini-guêpes (environ 4600 individus par boîte MG et 28000 pour la boîte MG XL). On compte une boîte MG pour 150 à 200 m² de surface au sol à traiter, soit 90 à 120 ovins-caprins ou 20 à 30 bovins (une boîte MG XL pour 1000 à 1200 m²), selon l’importance de l’infestation par les mouches.
Pour une efficacité optimale, il convient d’utiliser cette solution dès l’apparition des premières mouches dans le bâtiment (plus tôt, les mini-guêpes ne trouveraient pas assez de pupes de mouches pour se reproduire ; plus tard, la population de mouches serait trop importante pour une efficacité complète).
Idéalement, les mini-guêpes doivent être dispersées dans la semaine qui suit leur réception. Cette dispersion doit se faire à proximité des endroits où se reproduisent habituellement les mouches (présence de larves ou de pupes de mouches constatées par retournement de morceaux de litière) : sous les abreuvoirs, les auges, les barrières et les claies, le long des murs… Il faut éviter de disperser la boîte dans les courants d’air et aux endroits de piétinement des animaux, mais également sur un support trop humide comme du lisier par exemple. Le contenu d’une boîte est à répartir en 5 à 7 endroits différents (30 pour la boîte MG XL). Afin d’abaisser la pression d’infestation des mouches à un niveau compatible avec de bonnes conditions d’élevage, et d’obtenir un équilibre durable entre leur population et celle des mini-guêpes, on effectuera un lâcher toutes les 4 à 6 semaines environ, et à chaque fois que la population de mouches disparaît totalement. A noter que l’utilisation des mini-guêpes n’est pas compatible avec celle d’un larvicide chimique sur la litière. Par contre, les appâts sous forme de granulés sont possibles en complément.
Une nouveauté : un acarien efficace sur les œufs et les larves de mouches
Dans un bâtiment, les mouches se trouvent à différents stades de développement (voir figures 1 et 2) : adultes dans l’air et sur les murs, le plafond et le matériel ; œufs, larves et pupes dans la litière Si les mini-guêpes sont efficaces pour détruire les pupes et suffisent souvent à une lutte efficace, la destruction des œufs et des larves peut être un complément intéressant pour optimiser encore cette lutte.
Un acarien, Macrocheles robustulus, prédateur des œufs et des larves de mouches et de moucherons peut ainsi être associé aux mini-guêpes. Cet acarien a une propension à se développer et à coloniser le milieu très facilement. Ainsi, TERRAPPI, solution qui contient 30 000 Macrocheles par boîte, s’applique une fois en début de saison, en même temps que le premier lâcher de MINI-GUEPES MG.
On utilisera une boîte pour 250 à 500 m² de surface paillée à traiter.
En tant que macro-organismes et espèces indigènes, Mini-Guêpe MG et Terrappi peuvent être utilisés en Agriculture Biologique.
Curage et compostage
Le premier rempart contre la présence des mouches dans les bâtiments d’élevage est un curage régulier. Il empêche en effet de conserver dans le bâtiment un attractif naturel et puissant des mouches adultes, mais il permet également d’éliminer le réservoir le plus important de pupes et de larves.
Avant curage de la litière et utilisation du fumier, il est possible d’améliorer la qualité du compostage en l’accélérant et en le rendant plus complet, grâce à l’utilisation d’un activateur de compost qui va permettre :
- l’accélération et l’amélioration de la digestion de la matière organique (d’environ 20% après 20 jours selon les résultats des tests INRA) et de la partie fibreuse (14% pour la cellulose, 25% pour la lignine, 51% pour l’hémicellulose) ; cela va assurer une diminution des volumes à transporter et à épandre (de 30 à 50% de volume en moins), et faciliter le stockage en bout de champ, ainsi que la reprise et l’épandage,
- l’amélioration de la valeur fertilisante des effluents par rétention de l’azote ammoniacal et amélioration du rapport Carbone / Azote,
- la diminution des odeurs,
- l’hygiénisation des fumiers par destruction des germes pathogène (bactéries) et des mauvaises graines.
C’est le principe de l’ACTIPOST, activateur de compostage contenant des minéraux (calcium marin et complexe Montmorillonite-Zéolite), des extraits d’algues et des micro-organismes. ACTIPOST s’emploie par épandage direct sur la litière, 2 à 3 jours maximum avant le curage du fumier, à raison d’1 kg par m3 de litière.