Pathologies dominantes autour de l’agnelage

La fin de gestation, la mise-bas et les premiers jours de vie de l’agneau sont des périodes critiques du point de vue pathologique et sources de pertes non négligeables.

Pathologies  dominantes  autour de l’agnelage

Fin de gestation et mise-bas

Le prolapsus vaginal 

Il survient dans le mois précédant l’agnelage ; il est favorisé par plusieurs facteurs : gestation multiple (utérus volumineux), manque d’exercice, ration alimentaire encombrante (fourrages grossiers), carences (Zinc, Phosphore ...), râteliers placés en hauteur.

Traitement

Il doit être traité le plus tôt possible même s’il n’est visible que lorsque la brebis est couchée, afin d’éviter les complications : dessèchement puis nécrose de la muqueuse vaginale, non dilatation du col utérin au moment du part et donc agnelage dystocique (agnelage difficile) avec risque important de mort des agneaux, voire de la brebis (par déchirure, hémorragie ou péritonite).

Le vagin prolabé sera nettoyé, lubrifié puis remis en place avec précautions. Puis on pratique soit une suture des lèvres vulvaires, soit une pose de boucles métalliques, soit la pose d’un pessaire. 

Bien entendu la surveillance de la mise-bas est importante afin de retirer les boucles ou de couper les sutures.

Prévention 

La prévention passe par la correction des facteurs favorisants énumérés ci-dessus. Entre autres, on pourra faire un apport de Zinc par voie orale en fin de gestation.


La toxémie de gestation

C’est une maladie métabolique qui survient en fin de gestation ; elle est liée à une augmentation de 30 à 40 % des besoins énergétiques de la brebis due à la présence de plusieurs fœtus et à une mobilisation accrue des réserves énergétiques lors de brusques baisses de la température ambiante.

De plus l’augmentation de volume de l’utérus diminue la capacité du volume de la panse et donc la capacité d’ingestion.

Toute atteinte du foie (Grande et Petite Douve) favorise l’apparition de la toxémie de gestation.

Symptômes 

Les principaux symptômes sont : isolement du reste du troupeau, difficultés à se lever puis décubitus permanent, troubles oculaires (cécité), jetage nasal muqueux et coma. Un avortement est fréquemment observé.

Traitement

Le traitement consiste en une injection intraveineuse de glucose hypertonique et un apport par voie orale de précurseurs du glucose (mono- propylène glycol matin et soir). On corrigera la ration par un apport énergétique : céréales, mélasse.

Prévention

La prévention passe par l’adaptation du régime alimentaire aux besoins de la brebis en évitant un engraissement excessif. On pourra par exemple apporter des céréales 4 à 6 semaines avant le terme à raison de 50 grammes par jour au début pour atteindre 700 à 800 grammes par jour. Si possible, on favorisera l’exercice musculaire pour éviter un excès d’engraissement et éliminer les corps cétoniques. Les animaux seront correctement déparasités notamment contre la Petite et la Grande Douve.


Les avortements

Ils représentent un problème majeur en production ovin viande. Ils sont dus essentiellement à Salmonella abortus (salmonellose), Chlamydia abortus (chlamydiose), Coxiella burnetti (fièvre Q) et Toxoplasma gondii (toxoplasmose).

L’avortement peut avoir lieu précocement pendant la première moitié de gestation et il est alors difficile à observer et on le prend souvent pour de l’infécondité.

Dans la seconde moitié de gestation il survient après une baisse d’appétit et une éventuelle hyperthermie. Souvent il y a rétention placentaire après expulsion du ou des avortons et il peut s’en suivre une métrite voire la mort de la brebis.

Lorsque l’avortement a lieu en toute fin de gestation, l’agneau naît parfois vivant, mais il meurt dans les 24 heures sans s’être levé ; on confond alors souvent la maladie avec un syndrome septicémique.

Si la brebis est contaminée par un agent abortif juste avant le terme, elle transmet le germe à l’agneau par le colostrum, d’où le danger de faire adopter un agneau à une brebis juste avortée.

Dans tous les cas le recours au laboratoire est indispensable ; on lui fera parvenir : avortons, placenta, écouvillons vaginaux et prises de sang d’au moins 5 brebis ayant avorté à des stades différents. En attendant les résultats on isolera les brebis avortées, on détruira les sources de contamination (placenta, avortons…). On pourra effectuer une antibiothérapie sur les femelles encore gestantes en utilisant en première intention : oxytétracycline, florfénicol ; le choix de la molécule sera précisé lors de l’établissement de l’antibiogramme.

Prévention 

L’identification du germe responsable permettra de réaliser une prévention en vaccinant les brebis avant la mise en lutte. En pratique on dispose de vaccins avec AMM contre la salmonellose, la chlamydiose la fièvre Q (AMM caprine) et la toxoplasmose.

Les premiers jours de la vie de l'agneau

La naissance

La naissance et les jours qui suivent représentent une période cruciale en ce qui concerne la mortalité.


L’hypothermie est une des principales causes de mortalité de l’agneau nouveau-né ; elle est favorisée par plusieurs facteurs : mauvaises conditions d’ambiance de la bergerie, évaporation de l’humidité de la toison, faible couverture laineuse à la naissance (surtout certaines races comme la Charollaise). Ces facteurs sont aggravés par les stress subis par l’agneau à la naissance : basse température, pose d’une ou plusieurs boucles auriculaires, pose d’un anneau à la queue (voire d’un anneau de castration). De même, un mauvais comportement maternel de la brebis, un manque de colostrum, un faible poids à la naissance aggravent aussi cette hypothermie. L’agneau refuse alors de téter, il présente des difficultés à se lever, sa température corporelle baisse et peut descendre en-dessous de 35°C ; la mort survient rapidement.

Traitement 

Le traitement peut être entrepris si l’hypothermie est modérée (appétit conservé, température entre 35 et 37 °C) : 

- prise de colostrum rapide et suffisante (avec une sonde pélican au besoin), 

- administration de sérum glucosé sous la peau ou mieux par voie intrapéritonéale, 

- réchauffement avec une lampe infra-rouge ou dans un « réveil agneau ».

Prévention

La prévention passe par la maîtrise de l’ambiance de la bergerie, la vérification de la prise de colostrum rapidement et en quantité suffisante (50 ml par kilo).


Colibacilloses et septicémies

L’agneau nouveau-né peut être atteint dans les heures suivant la naissance par des affections bactériennes et virales. Ce sont essentiellement des colibacilles responsables de syndromes septicémiques provoquant une mort très rapide souvent sans symptômes préalables. La voie d’entrée de ces bactéries est ombilicale ou buccale.

Ces colibacilles sont responsables de diarrhées colibacillaires très liquides avec déshydratation rapide de l’agneau, et du syndrome de « l’agneau mou » caractérisé par un état de faiblesse générale avec refus de téter, difficultés à se tenir debout, babines en permanence humides et froides ; la mort survient très rapidement.

Traitement

Ces affections nécessitent en général un traitement antibiotique par voie orale et par voie injectable ; Si nécessaire, on aura recours à une réhydratation orale ou sous-cutanée.

En cas d’agnelages groupés et de pertes importantes il peut être nécessaire de pratiquer une antibioprévention c’est à dire l’administration systématique dès la naissance d’antibiotiques aux agneaux ; mais il s’agit bien-sûr d’une mesure d’exception qui ne doit pas être systématisée tout au long de l’année.

Prévention 

La prévention passe par l’hygiène et la maîtrise de l’ambiance de la bergerie (surtout des cases d’agnelage avec l’utilisation d’assèchant de litière) et par un apport de colostrum précoce et suffisant. Il est possible de vacciner les brebis en fin de gestation afin d’enrichir le colostrum en anticorps anticolibacilles (Imocolibov ND).


Arthrites infectieuses

Ces affections des articulations sont responsables de l’évolution d’agneaux en non valeurs économiques et de saisies en abattoir (partielles voire totales en cas de polyarthrites).

Différents germes sont responsables d’arthrite notamment le bacille du Rouget.

La contamination de l’agneau se fait dès les premières heures de vie généralement par voie ombilicale, mais aussi lors de toute effraction cutanée ou plaie : caudectomie, castration, et surtout pose de boucles auriculaires trop tôt et dans de mauvaises conditions d’hygiène (les boucles doivent être posées sur un agneau sec, adopté par sa mère et ayant bu le colostrum).

Les signes de boiterie apparaissent vers l’âge de 4 à 5 jours et prennent parfois l’aspect d’une épidémie avec plusieurs agneaux atteints simultanément. Le gonflement des articulations (jarrets, grassets, boulets, genoux) n’est pas visible au début de la maladie mais la pression de celles-ci est douloureuse. L’agneau va répugner à se déplacer et à aller téter, puis il reste couché. Sans traitement le volume des articulations augmente ; d’une articulation atteinte on peut passer à plusieurs (polyarthrite) ; l’arthrite est alors en phase chronique et sera responsable soit d’une non-valeur économique soit de saisie à l’abattoir.

Traitement

Le traitement doit être entrepris le plus tôt possible à l’aide d’antibiotiques et pendant 7-8 jours. Le premier jour on peut injecter un anti-inflammatoire qui permettra une reprise plus rapide de l’appétit. Si l’affection prend un caractère épidémique il peut être nécessaire de réaliser une métaphylaxie, c’est à dire injecter un antibiotique longue action à tous les agneaux du lot en même temps.


Prévention

La prévention sanitaire passe par des mesures d’hygiène élémentaires : désinfection du cordon ombilical le plus tôt possible, paillage régulier des litières, maîtrise de l’ambiance de la bergerie, hygiène dans toutes les interventions pratiquées sur les agneaux (castration, coupe de queue, pose de boucles auriculaires).


Une prévention vaccinale contre l’arthrite à Rouget peut être réalisée sur les brebis en fin de gestation (Ruvax ND).



Pneumonies

Ce sont des affections que l’on rencontre plus souvent sur les agneaux en engraissement, mais elles peuvent être à l’origine de pertes sur de très jeunes animaux.

Dues en général à des Pasteurelles elles se manifestent par de l’hyperthermie, de l’essoufflement, un manque d’appétit, parfois de la toux.

Traitement

Le traitement fait appel aux antibiotiques et doit être entrepris le plus tôt possible.

Prévention 

L’origine est essentiellement une non-maîtrise de l’ambiance dans la bergerie (mauvaise ventilation, courants d’air, excès d’humidité …).

Si les problèmes persistent malgré une correction de l’environnement des animaux, il est possible de vacciner les brebis contre les Pasteurelles en fin de gestation.