Constituer une aromathèque de base en élevage

Que l’on soit débutant ou expérimenté, on est toujours assez désemparé devant la quantité d’huiles essentielles disponibles, la multiplicité des effets possible, l’impact sur les ressources naturelles et les risques toxiques possibles pour l’éleveur, l’animal ou le consommateur. On se perd rapidement dans une montagne de connaissances et malheureusement l’abandon est fréquent.


Constituer  une aromathèque de base  en élevage

Cet article a pour objectif de proposer des exemples de boites à outils en donnant la priorité sur la sécurité de manipulation (même si l’utilisation de gants est fortement recommandée à chaque usage d’HE), la forte disponibilité des ressources et le prix raisonnable (même si d’un fournisseur à l’autre il peut y avoir des différences importantes). Pour les plus expérimentés, certaines huiles proposées sont substituables par d’autres proches ou ayant des actions similaires (comme le basilic et l’estragon ou l’eucalyptus globuleux par l’eucalyptus radié par exemple). Ce n’est qu’un exemple, les propriétés des HE sont simplifiées pour les rendre plus abordables, et cette proposition n’a pas la prétention d’être complètes ni exhaustives.


Pour débuter, il faut réduire le nombre de flacon et limiter les coûts pour gérer les problèmes de base (petits bobos et maladies fréquentes)


Afin de se faire la main, il est possible de démarrer avec seulement 5 huiles : Tea tree, Lavandin, Girofle, Eucalyptus globuleux, Estragon dont vous trouverez les fiches plantes dans les pages suivantes.

Pour chacune de ces huiles essentielles l’important est :


  • Tea tree (Melaleuca alternifolia), c’est l’huile antibactérienne et antivirale de base, elle est assez sûre d’utilisation. On l’utilise assez fréquemment, dès que la cause semble être infectieuse et quel que soit l’organe atteint. Son effet légèrement cicatrisant en fait un bon allié du lavandin pour le soin de la peau et des muqueuses.



  • Lavandin super (Lavandula X intermedia) : cicatrisant, antiseptique et insectifuge, c’est l’huile de référence des soins de la peau. Désinfection du nombril, des pieds, des boucles auriculaires, éloignement des insectes parasites sont les utilisations les plus fréquentes. A moindre échelle par rapport à la lavande vraie, il a un léger effet décontractant, ce qui peut être utile en cocktail sur des mises bas difficiles sur mère agitée (avec estragon et girofle)



  • Eucalyptus globuleux (E. globulosus) : expectorant, antibactérienne, luttant contre la fièvre : c’est l’huile respiratoire par excellence. Pour les problèmes respiratoires profonds, on lui préfèrera son cousin radié mais à défaut, il est utile pour les rhumes comme les bronchites. Cette HE peut être irritante donc à réserver à des usages courts. Son effet répulsif pour certains insectes le fait utiliser en association avec le lavandin sur les problèmes de peaux divers.



  • Estragon (Artemisia dracuncula) : antispasmodique puissant, c’est l’allié des mises bas. Il aide au relâchement du col en massage cervical, il soulage les coliques des nourrissons et facilite l’éjection du lait lors de kystes lactés. 


  • Girofle (Syzygium aromaticum) : antibactérien, régulateur de flore, tonique utérin et anesthésiant. Il est utile pour aider une mise bas longue (part langoureux ou gros nouveau-né), pour aider à soigner des infections avec refroidissement (diarrhées, mammites gangréneuses) et en cocktail sur des infections générales. Il peut entraîner des réactions locales donc à ne jamais utiliser pur.



Comment les utiliser ?


Le principe est de savoir quelles sont les cibles à viser (infection, douleur, décontraction…) et de doser l’huile choisie en fonction de l’importance de cette cible. Si le trouble est surtout infectieux, on choisira du tea tree, si on veut un petit effet cicatrisant, on ajoutera quelques gouttes de lavandin…


En règle générale, on utilise des mélanges allant de 2 à 10 % d’huiles essentielles (soit 2 mL d’huile essentielle pour 20 à 100 mL d’huile ou de baume) et des mélanges de 2 à 4 huiles essentielles maximum.


Quelques exemples pour vous permettre de mieux cerner le principe de la formulation :


  •  Une brebis très laitière mais donnant peu son lait (des boules souples visibles à l’œil sont apparues), la mamelle est douloureuse mais pas chaude. Dans cette situation, il faut une HE antiseptique pour éviter la mammite mais également de quoi détendre la brebis et favoriser l’éjection du lait : on prévoira donc un baume avec du tea tree et du girofle pour l’action antibactérienne et anesthésiante en majorité et on ajoutera une minorité d’estragon et de lavandin pour libérer les spasmes et détendre la mamelle.


  •  Pour un vêlage lent et nauséabond faisant suspecter que le manque de dilatation du col est lié à un avortement ou un veau mort-né, on utilisera volontiers de l’estragon pour détendre le col mais le risque d’infection fera utiliser du girofle en complément (un mélange 2/3 estragon 1/3 girofle si le col est très serré ; un mélange inverse si le col est détendu mais que les pertes sont clairement sales).


  •  Pour faire face à des arthrites, avec ou sans gros nombrils, il faut utiliser des antinfectieux généraux ET locaux, l’association tea tree/lavandin/girofle est tout indiqué. On appliquera directement le mélange huile végétale/HE sur la partie atteinte (nombril ou articulation)


  •  Lorsque l’on rencontre des problèmes respiratoires, l’eucalyptus est la référence mais si les toux sont grasses et productives, le tea tree peut lui être ajouté.


Collectionnez les fiches plantes :