Coût de production ou comment identifier ses marges de progrès pour améliorer son revenu Exemple avec une exploitation de la Vienne

Dans le cadre de l’appui technique développé par Poitou Ovin et co-financé par France Agrimer, le groupement a mis en oeuvre 2 demi-journées sur la méthodologie coûts de production.

Ces demi-journées s’inscrivent dans la poursuite des outils d’analyse technico-économique (calcul de marge brute) développés par Poitou Ovin pour ses adhérents.

Coût de production ou comment identifier ses marges de progrès pour améliorer son revenu Exemple avec une exploitation de la Vienne

Ces échanges animés par les Techniciens de Poitou Ovin et le technicien en charge des fermes de référence ovine à la chambre d’agriculture 86 présentaient d’une part le contexte de l’exploitation et d’autre part la mise en place de la méthode coûts de production et les résultats obtenus.

2 exploitations adhérentes au réseau des fermes de référence ovines (Une en système ovins/céréales, M. Gaudin, l’autre en système herbager, M. Massé) ont accueilli les adhérents de Poitou Ovin pour découvrir et comprendre la méthode et bénéficier du retour d’expérience de ces deux éleveurs.

La chargée de référence ovine du département de la Vienne suit 9 exploitations : 3 élevages ovins-céréales ; 3 ovins spécialisés ; 3 ovins-bovins.

Une analyse des critères économiques est effectuée sur plusieurs années sur ces 9 exploitations pour  voir les évolutions et permet de ressortir des références, (des références qui sortent du vécu des exploitations, avec leurs aléas éventuels).

Les questions à se poser

- Combien me coûte le kg d’agneau produit ?

- Où sont mes marges de manœuvre ?

- Est-ce que-je suis compétitif ?

- Est-ce que j’ai des postes incohérents ?

- Quels sont les résultats des autres systèmes similaires ?

Evolution de la notion de mage brute vers la notion de coût de production

Pour la jeune génération, le calcul de la marge brute de son exploitation est peu à peu remplacée par le calcul du coût de production.

Avant on prenait la marge brute moins (-) les charges de structure (MSA, charges foncier, matériels, bâtiments... ce qui nous donnait (=) la  marge nette par ha ou par brebis.


Avec le calcul du coût de production qui a été mis au point par Institut de l’élevage, on prend en compte la rémunération du capital et de la main d’oeuvre de l’exploitant. On estime que l’éleveur est payé sur un salaire moyen de 1,5 Smic Brut.

L’autre intérêt c’est que ça permet de comparer toutes les productions animales et toutes les filières herbivores (prix au kilo d’agneau produit).

Ce calcul a été mis en place pour permettre de lisser au maximum toutes les pratiques d’élevage ovin (qui sont diverses et nombreuses).

Modalités de calcul du coût de production

Tous les produits et les charges sont calculés par kg de carcasse d’agneaux.

Production d’agneaux

Tous les agneaux vendus en carcasse + tous les agneaux vendus à la pièce moins (-) les achats d’agneaux maigres ou les reproducteurs + les variations d’inventaire. On obtient le kg de carcasse.

A noter que les agnelles de renouvellement ne sont pas comptabilisées dans ce calcul).


Toutes les charges opérationnelles et de structure (sauf MSA)

+

Rémunération du foncier et capital (basé sur le rendement du livret A, soit 0.75 % aujourd’hui)

+

Rémunération du travail qui correspond à 1,5 smic brut

(soit 26715 euros en 2016)

---------------------------------------

Produit de l’atelier

=

Production d’agneau

+

Autres produits (la laine, les brebis de réforme...)

+

Les aides


Priorisation des indicateurs influant sur le revenu

Permet d’identifier quels sont les indicateurs économiques et techniques qui pèsent le plus sur le revenu.


Exemple chez Patrick Gaudin

Caractéristiques de l’exploitation

Exploitation mixte : Céréales - Ovins viande
174 ha de surface agricole utile, sur zones mixtes dont :
- 50 ha de surface fourragère principale
- 123 ha de grandes cultures (Céréales à paille - Colza - Tournesol)

415 brebis en effectif moyen
- 80 agnelles
- 335 brebis croisées (60 % Charollaises X Vendéennes - 40 % F1 et F2 Romanes X Charollaises
- 14 béliers

Travaille seul sur l’exploitation (avec un petit coup de main ponctuel des parents présents sur l’exploitation. Patrick n’habite pas sur place).


Système fourrager
10 ha de prairies permanentes naturelles en bordure de ruisseau. Pour le pâturage uniquement
40 ha de prairies, clôturées en fixe autour de l’exploitation. Le renouvellement des prairies se fait tous les 3 à 5 ans selon la production(mélange prairial) ou parfois en rotation avec des céréales si la parcelle à un fort salissement (par les chardons notamment)
20 à 25 ha sont récoltés pour composer les besoins en fourrages du troupeau (25 Tonnes en enrubannage et 60 T de foin) soit environ 200 kg / EMP


Calcul de la production équivalente carcasse :

378 agneaux vendus au kg : 6785 kg à un prix de 6,45 euros/kg

2 béliers achetés pour 320 euros pour un équivalent carcasse de

320 euros / 6.50 euros = 50 kg

Variation d’inventaire des agneaux = 2220 euros pour un équivalent carcasse de 2220 euros / 6.45 euros = +344 kg

Production équivalente agneaux carcasse = 6785-50+344 = 7079 kg

C’est ce chiffre qui détermine le coefficient par lequel on va diviser le produit et les charges. On parle donc de «coût de production au kilo d’agneau équivalent carcasse».

Dans le cas de Patrick on peut voir d’après le graphique ci-dessous que le produit est supérieur aux charges.

Le coût de production /kg carcasse est de 11,10 euros pour cette exploitation.

Rémunération permise nb Smic/UMO : 1,78  (objectif étant de 1,5).


Côut de production de l'atelier ovin - Exploitation de M; Gaudin

Les postes sont toujours présentés de la même manière.
Produit total :
- les aides, qui sont ramenées au kg d’agneau produit,
- les autres produits
- le prix de l’agneaux ramené au kilo de carcasse calculé (6.5 r).

Coût de production total :- tout ce qui est approvisionnement des animaux (concentrés et minéraux achetés) ;- l’approvisionnement des surfaces, qui comporte tout ce qui est engrais et semences mis les surfaces fourragères, les céréales gardées de l’exploitation au coût réel de la production, culture par culture ;
- les frais d’élevage  (frais de vétérinaire..) ;
- les frais de mécanisation (avec amortissement) ;
- les bâtiments et installations (avec amortissement) ;
- Frais de gestion (frais bancaires, assurances, compatibilité...)
- Foncier et capital ;
- Travail (1,5 smic représente dans ce cas 2 euros par kg d’agneaux équivalent carcasse).

Ce graphique permet de voir d’un seul coup d’œil si le produit est supérieur au coût et à l’intérieur de chaque colonne, s’il y a des postes qui sont aberrants. En exemple, Béatrice Griffaud cite l’exemple d’exploitation où le poste de mécanisation est à 2, voire 3 euros/kg carcasse. Cela correspond souvent à des investissements non raisonnés, pas du tout cohérents avec le système d’élevage en place.


Quels sont les leviers pour améliorer le produit et optimiser les charges ?

D’une manière générale (et non dans le cas présenté) pour améliorer le produit, on a plusieurs pistes :

En augmentant les ventes

- Augmentation du kg de carcasse (en augmentant la productivité numérique par brebis ou par UMO, en augmentant le poids, en analysant la race, en ajustant le système de production...).

- Amélioration du prix au kg (en améliorant la qualité en entrant dans un signe officiel de qualité).

- En changeant pour une époque de vente plus favorable.

En augmentant les aides, mais ce poste est difficile à contrôler.


Pour optimiser les charges

- Avec l’alimentation par exemple. Est-ce que le système est adapté à mon exploitation ? Des améliorations sont-elles possibles avec une autre gestion fourragère ? avec de nouvelles pratiques, de nouvelles variétés, en raisonnant la fertilisation selon le mode d’utilisation des surfaces en herbe...

Dans le cas présent une piste d’amélioration est possible sur les frais de gestion en étudiant le poste «assurances».