- Par FSDS
Domestication et sélection
Pour bien comprendre la domestication du chien, il est important de bien comprendre ce qu’est le phénomène de domestication :
Tout d’abord, il ne faut pas confondre domestication avec apprivoisement.
L’apprivoisement consiste à rendre familier un animal à l’homme. C’est le cas par exemple des animaux sauvages qui vivent en captivité. C’est un processus individuel, propre aux conditions de vie de l’animal et qui ne modifie en rien ce qu’il est.
La domestication, elle, résulte d’une interaction prolongée entre une espèce animale et les humains. Elle est le fruit d’une collaboration et a pour conséquence des modifications morphologiques, physiologiques et comportementales qui sont héréditaires sur l’ensemble de l’espèce.
Histoire de la domestication du chien
Le chien descendant du loup ?
Le chien et le loup sont en fait cousins, en effet ils ont un ancêtre commun : le loup ancestral.
Il est donc peu pertinent (inapproprié) de s’inspirer du comportement du loup actuel pour comprendre celui des chiens.
Processus de la domestication
La première hypothèse suggère que des hommes auraient capturé des louveteaux pour les élever afin de progressivement les domestiquer. Cela supposerait des connaissances, une énergie, une motivation (de la part des hommes préhistoriques assez peu vraisemblables avec leur développement) peu cohérentes avec l’ère préhistorique.
La seconde hypothèse, la plus acceptée aujourd’hui, c’est que la domestication des canidés aurait eu lieu lors de la sédentarisation des humains. De chasseurs/cueilleurs, les hommes sont devenus agriculteurs et ont construit leurs premières habitations fixes afin de vivre près de leurs cultures et de leur bétail.
Cette sédentarisation pose une problématique inédite (un problème nouveau) : la gestion des déchets qui pose deux problèmes fondamentaux :
- Problème sanitaire (prolifération de bactéries et donc de maladies)
- Problème de sécurité (déchets qui attirent les animaux sauvages)
On suppose que certains loups, les plus sociables, les moins craintifs, se soient rapprochés des campements humains pour bénéficier de ces ressources de nourriture faciles d’accès. Pour les protéger des autres animaux et, par prolongement au fil du temps, ces loups se sont mis à protéger les campements humains (ressource de nourriture).
La domestication est donc le fruit d’une collaboration entre deux espèces, homme et loup, qui se résume ainsi : « je te nourris en échange de ton travail ».
Le premier critère de sélection des animaux potentiellement domesticables serait donc la sociabilité qui serait héréditaire. Ce qui sous-tend que le comportement pourrait être la conséquence d’un déterminisme génétique (critère génétique).
L’expérience de Belyaev
Un fourreur russe éleveur de renards, souhaitait réduire le nombre de morsures chez ses animaliers. Il a pour cela fait reproduire uniquement ceux qui ne présentaient aucune agressivité lors de l’approche de l’humain.
Au bout de 20 générations sur ce critère de sélection unique, les renards ont présenté des modifications morphologiques et comportementales importantes :
• Sociabilité importante à l’humain, recherche de contacts et de jeux
• Maintien de caractéristiques juvéniles à l’âge adulte
• Vocalisations plus importantes
• Oreilles tombantes, pelage bicolore en particulier aux extrémités.
Cette expérience répond sans doute au même mécanisme qui est entré en jeu lors dans la domestication du chien.
Le chien, un loup civilisé
Conséquences de la domestication
Les chiens ont connu un énorme succès évolutif et ont réussi à coloniser l’ensemble du globe.
Ils y ont des rôles très variés : chiens de travail, chiens de compagnie, chiens errants.
Ils ont néanmoins des points communs :
• Recherche d’interactions positives avec l’homme (collaboration).
• Néoténie : maintien des caractéristiques juvéniles à l’âge adulte (jeux, vocalisation, dépendance à l’être nourricier).
• Adaptabilité optimum à l’environnement humain.
Pourtant on observe une diversité de morphologies et d’aptitudes.
En effet, au fil de la domestication, les hommes ont affiné leur sélection pour obtenir des comportements de plus en plus spécifiques afin d’utiliser les chiens dans des activités particulières : chasse sur gros ou petits gibiers, terriers, chiens de rapport, garde et bien sûr, conduite de troupeau…
(voir figure 3)
Raciation 
A l’échelle internationale, il existe près de 400 races canines très différentes de l’une à l’autre quant à leurs tailles (de 12 cm à 1 m), leurs poids (de 2 à 100 kg), leurs couleurs, leurs types de poils, leurs morphologies (du lévrier au bouledogue…) et leurs aptitudes.
Ce qui est certain c’est que c’est la sélection sur des aptitudes au travail qui a eu pour conséquence ces variations morphologiques aussi importantes.
Si on observe par exemple des chiens d’eau (chien d’eau romagnol, chien d’eau espagnol, chien d’eau irlandais, barbet …) on observe un physique commun et cohérent avec le travail demandé (pour la chasse à l’eau, un poil frisé permet de protéger la peau et de sécher vite !)
On pourrait faire la même observation chez les chiens de protection (physique imposant, aboiement grave, démarche lente et chaloupée qui n’effraie pas le troupeau….)
Il en est de même pour nos chiens de conduite et en particulier pour le Border Collie qui présente une somme de qualités qui le rend souvent indispensable :
Il est donc capital de préserver ces qualités par une sélection rigoureuse où les qualités au travail doivent rester centrales. Pour une sélection de qualité, l’existence de livres (LOF/ISDS) référençant la généalogie permet une traçabilité qui est un atout objectif et à long terme.
Elsa Penel
Enseignante en zootechnie, lycée agricole de Meynes.