Intoxication par l’arum maculé ou gouet Arum maculatum Linné 1753

Plante herbacée vivace à rhizome, l’arum maculé pousse dans les haies et forêts de feuillus, les jardins et les friches, sur sols frais à humides. On le trouve communément en France sauf en région méditerranéenne et dans certaines régions de l’Ouest. Certaines espèces du genre Arum sont cultivées dans nos jardins, tel l’arum d’Éthiopie Zantedeschia aethiopica (L.) Spreng.

Intoxication par l’arum maculé  ou gouet Arum maculatum Linné 1753

Les feuilles en forme de flèche de 10 à 20 cm de long apparaissent au printemps et peuvent au début être confondues avec celles de l’ail des ours. Elles présentent un pétiole engainant et des taches brun – rouge pour la forme maculatum (absence de taches chez la forme immaculatum).

La plante est dite monoïque unisexuée : les fleurs femelles se trouvent à la base d’un spadice typique des arums, sorte d’épi, avec les fleurs mâles au-dessus. Le tout est enveloppé par une spathe ou bractée de couleur pâle, en forme de cornet. La floraison intervient en avril – mai. Les baies sont disposées en épi serré et de vert passent au rouge à maturité : leur saveur légèrement sucrée représente le premier risque d’intoxication pour les enfants !


Toutes les parties de la plante sont toxiques y compris les baies, surtout en vert pour le feuillage.


Présence de molécules toxiques :

- oxalate de calcium : ce composé une fois ingéré va former des aiguilles appelées raphides, rubéfiantes et irritantes pour les tissus, respectivement des cristaux, provoquant notamment une irritation mécanique et la perforation possible des muqueuses.

- hétérosides cyanogènes.

- alcaloïdes comme la conicine.

- laticifères.

- saponosides.


La symptomatique et l’issue dépendent de la quantité ingérée ainsi que de la localisation des lésions :


a) en cas de contact cutané : dermite de contact  œdème, rougeur, irritation, sensation de brûlure, persistants pendant quelques heures à quelques jours. Paresthésie des mains possible en cas de cueillette.

Attention au contact avec les yeux !

b) mastication des feuilles ou des fruits : inflammation, brûlure, œdème de la langue et des lèvres ou babines, voire formation de vésicules.

c) en cas d’ingestion faible à modérée : soif, enrouement, gonflement des voies respiratoires (œdème laryngé), vomissement, diarrhée sanglante, hypersalivation et mydriase.

d) en cas d’ingestion > 15 baies : hypothermie, somnolence, troubles cardiaques (tachycardie), crampes, convulsions, pouvant conduire au coma et à la mort dans les cas les plus graves.


Chez l’humain sont décrits :

- lésion rénale avec hématurie (présence de sang dans l’urine).

- signes hémorragiques : perte de sang au niveau des gencives, de l’utérus, ou vomissement sanguinolent.


Des cas d’intoxication ont été décrits essentiellement chez bovins, porc et chiens : les porcs consomment parfois le rhizome en fouillant la terre, et les chiens sont susceptibles de mâchouiller la plante et consommer les baies.


Chez l’homme, deux cas d’intoxication peuvent survenir :

- consommation des baies sucrées par les enfants.

- confusion du stade feuillu au printemps lors de cueillette de plantes comestibles avec l’ail des ours, respectivement cueillette de bouquets.


Attention à l’arum d’Éthiopie Zantedeschia aethiopica (L.) Spreng que l’on trouve en jardinerie et dans les jardins : la plante est également toxique ! La même toxicité se retrouve chez l’arum d’Italie Arum italicum Miller.


Diagnostic : 

Essentiellement par l’anamnèse, la présence de la plante dans la pâture.


Traitement :

- lavage gastrique.

- pansement gastrique.

- rinçage abondant en cas de contact avec les yeux.

- symptomatique.


Prévention :

- Supprimer l’accès aux haies et sous-bois par clôture permanente ou temporaire (électrique).

- Éduquer les enfants à reconnaître et éviter les arums, notamment leurs baies.

- Attention lors de randonnée ou promenade à ne pas laisser les enfants consommer des baies inconnues, et ne pas effectuer de cueillette pour consommation ou bouquet si l’identité des plantes n’est pas sûre.