- Par GNIS
La fétuque élevée
La fétuque élevée est une espèce très répandue dans le monde, sa grande diversité naturelle lui a permis de s’adapter à tous les types de sols et de climats.
Plante rustique par excellence, elle se caractérise par une très bonne productivité et une digestibilité moyenne bien qu’améliorée par la sélection variétale.
Avantages
- Pérennité élevée : 5 ans et plus. l Bien adaptée aux sols humides à séchants, forte résistance au piétinement une fois installée.
- Enracinement profond si le sol le permet.
- Productivité élevée, démarrage précoce au printemps.
- Bonne pousse estivale.
- Bien adaptée à la fauche au 1er cycle.
- Ne remonte pas à épis.
- Repousses faciles à pâturer.
- Très tolérante aux maladies.
- Séchage rapide lors de la récolte.
Limites
- Implantation lente. En tenir compte pour la date de semis.
- Montée à épis assez rapide au printemps.
- Pour le pâturage, privilégier les variétés à feuilles souples, mieux consommées par les animaux.
- Digestibilité et appétence moyennes. Association conseillée avec d’autres espèces plus appétentes pour les animaux à forts besoins.
Choix des variétés
Savoir choisir la bonne variété
Pour toute espèce fourragère semée, choisir une variété est une étape à ne pas négliger. Le catalogue français contient près d’une cinquantaine de variétés de fétuque élevée. Les principaux critères de choix d’une variété de fétuque élevée sont présentés ci-après.
La flexibilité du feuillage
La souplesse ou flexibilité du feuillage, caractère intervenant fortement dans la digestibilité et l’appétence, a été fortement améliorée par la sélection variétale depuis les années 1990. Plus le feuillage est souple et flexible, mieux les feuilles sont pâturées et valorisées par les animaux. Grâce au travail de sélection permanent, les variétés à feuillage souple atteignent désormais un niveau de productivité comparable à celui des variétés à feuillage rigide.
La date de début d’épiaison
Il s’agit de la date à laquelle les premiers épis sont visibles (10 épis au mètre linéaire). C’est à partir de ce stade que la qualité de la fétuque élevée et des autres graminées diminue rapidement. Les éleveurs doivent donc être vigilants dans le choix variétal et privilégier des variétés à épiaison un peu plus tardive s’ils veulent bénéficier de quelques jours de plus avant la sortie des épis.
La date de démarrage en végétation
Il s’agit de la date à laquelle la hauteur de l’herbe atteint 25 cm feuilles relevées en sortie d’hiver. C’est à partir de ce stade que les graminées peuvent être pâturées. Il est cependant possible de faire pâturer la fétuque élevée dès que cette hauteur atteint 15 à 20 cm, si la portance des sols le permet.
La souplesse d’exploitation
C’est l’intervalle de temps en jours qui sépare les stades “départ en végétation” et “début épiaison”. Plus cet intervalle est long, plus la variété est souple à exploiter et plus le délai pour pâturer ou pour faucher est long avant que les premiers épis n’apparaissent.
La tolérance aux rouilles
Globalement peu sensible aux maladies, la fétuque élevée peut toutefois être attaquée par la rouille noire (Puccinia graminis) et la rouille couronnée (Puccinia coronata). L’utilisation de variétés tolérantes est le seul moyen de se prémunir contre le développement de ces maladies.
La production et sa répartition sur l’année
La production des graminées fourragères se fait pour les 2/3 environ au printemps. La sélection a permis d’améliorer la répartition de la production sur l’année, en améliorant notamment la production d’été-automne. Prendre en compte ce critère permet de bénéficier de repousses plus abondantes en arrière-saison et donc d’allonger significativement la période de production.
- Ce qu’il faut retenir :
Utiliser prioritairement des variétés inscrites sur les listes du Catalogue français, gage d’une bonne adaptation au contexte pédoclimatique national.
Raisonner leur choix en s’aidant du site www.herbe-book.org
Préférer une souplesse d’exploitation de l’ordre de 50 jours, pour exploiter plus facilement la fétuque élevée au 1er cycle.
Les variétés récentes ont un feuillage plus souple, sont plus productives en été-automne, plus tolérantes aux rouilles et plus digestibles.
Semis et implantation
Une installation lente
Les semences de fétuque élevée sont d’assez petite taille, 7 millimètres environ : 1 gramme de semences contient entre 400 et 550 graines. Leur germination est lente, 20 jours environ (schéma ci-dessous), ce qui fait de la fétuque élevée une espèce assez délicate à implanter. En semis en lignes, il faut parfois une année complète avant que la fétuque élevée recouvre bien les inter-rangs. Un semis sous couvert d’une céréale de printemps peu dense peut aider à l’implantation.
Une préparation du sol soignée pour le semis
Au semis, l’objectif est d’obtenir le plus rapidement possible une prairie dense qui couvre rapidement et complètement le sol et de limiter la concurrence avec les adventices. Pour cela, la préparation du sol doit être soignée :
• Préparer un lit de semences fin, émietté en surface et rappuyer en profondeur. Une structure fine assure un meilleur contact terre/semences, favorisant l’imbibition et la germination. Il faut viser une préparation de sol avec des mottes de diamètre inférieur à 1 cm. Rappuyer énergiquement et sans discontinuité avec un outil du type cultipacker. Eviter le rouleau lisse en sol battant.
• En cas d’infestation importante par des adventices dans la culture précédente, il est recommandé de faire un ou plusieurs faux-semis.
• Semer ensuite sur un sol propre. Pour implanter une espèce pérenne comme la fétuque élevée, le labour est toutefois conseillé.
Semer à 1 cm de profondeur maximum
Les semences fourragères possèdent très peu de réserves, elles doivent lever le plus rapidement possible. Pour cela, elles doivent être déposées à une profondeur régulière de 1 cm maximum.
• Semer idéalement avec un semoir à céréales en ayant pris soin de relever les éléments semeurs, de manière à simuler un semis à la volée. C’est le peigne ou la petite herse à l’arrière du semoir qui assure le recouvrement des semences.
• Un semis en lignes avec un écartement resserré à 10-12 cm est toutefois possible.
• Rappuyer énergiquement une seconde fois après le semis. La qualité du roulage est déterminante sur la vitesse de germination et conditionne une bonne implantation.
Surveiller particulièrement la levée et le développement ultérieur de la jeune prairie
La levée est lente, environ 3 semaines. Il est recommandé, durant cette phase, de surveiller le développement des adventices et la présence éventuelle de limaces. S’il s’avère nécessaire, le désherbage chimique doit être positionné précocement, dès le stade 2-3 feuilles de la fétuque élevée. Un autre moyen de lutte peut aussi consister en une fauche de nettoyage ou un pâturage rapide, mais intense, à condition que la portance du sol le permette et que les plantes soient suffisamment développées.
A quelle dose semer ?
Pour une fétuque élevée semée en pur, la dose conseillée est de 20 à 25 kg/ha.
Dans le cas d’une fétuque élevée semée en association avec une légumineuse, les doses seront de :
fétuque élevée : 10 à 12 kg/ha
+ luzerne : 15 kg/ha
fétuque élevée : 14 à 17 kg/ha
+ trèfle violet diploïde : 6 à 8 kg/ha
fétuque élevée : 20 à 22 kg/ha
+ trèfle blanc : 3 à 4 kg/ha
Pour transposer les doses de semis en kg/ha en peuplement exprimé en% du nombre de plantes à partir de deux espèces semées, le calculateur pour les mélanges prairiaux est un outil très facile à utiliser :
http://le-calculateur.herbe-actifs.org
Semis et implantation
Implanter en fin d’été ou au printemps
Dans de nombreuses régions, le choix existe entre ces deux périodes de semis, il faut néanmoins semer le plus tôt possible du fait l’installation peu rapide de la fétuque élevée.
Le sursemis est possible, mais délicat
En raison de la faible vitesse d’implantation de la fétuque élevée, il faut être rigoureux sur le maintien d’une végétation courte de la prairie en place lors du sursemis, pour faciliter le développement des jeunes plantules.
Ce qu’il faut retenir :
Les semences de fétuque élevée sont assez petites, il faut soigner le travail du sol.
Le semis doit s’effectuer sur un sol très rappuyé, à 1 cm de profondeur maximum.
Deux roulages avant et après le semis conditionnent la vitesse de levée.
Respecter les doses de semis. l Semer le plus tôt possible en fin d’été.
Le sursemis est possible, mais délicat.
Conduite et exploitation
Une espèce très pérenne
Une fois implantée, la fétuque élevée peut produire largement 5 ans car sa pérennité peut s’avérer supérieure à 10 ans. C’est la graminée la plus pérenne. Bien conduite, elle permet de réduire les coûts de mise en place des prairies dans les exploitations.
Une espèce très rustique
La fétuque élevée est l’une des rares espèces de graminées adaptées à tous les types de sols et de climats. En effet, elle s’adapte aussi bien dans des terres dites “difficiles”, hydromorphes ou, à l’inverse, séchantes et tolère aisément le froid ou de fortes chaleurs jusqu’à 35 °C. Grâce à son système racinaire capable de descendre très profondément, en-dessous d’1 mètre si le sol le permet, la fétuque élevée peut résister à des périodes prolongées de sécheresse.
Une espèce très productive, qui démarre tôt et pousse toute L’année
C’est l’une des graminées prairiales les plus productives avec le dactyle et le brome. C’est la graminée qui pousse le plus longtemps et régulièrement tout au long de l’année :
• Au printemps, la fétuque élevée démarre plus tôt que la plupart des autres graminées.
• Elle peut donc être pâturée dès le mois de mars, d’autant plus facilement qu’elle résiste bien au piétinement des animaux, même en sol humide.
• Une fois l’épiaison de printemps maîtrisée, les repousses feuillues sont facilement pâturables.
• À l’automne, elle pousse plus longtemps que la plupart des graminées, ce qui permet d’allonger la période de production d’herbe, notamment la période de pâturage, et donc de produire du lait ou de la viande de façon très économique.
Une espèce polyvalente quant à son utilisation
Un atout majeur de la fétuque élevée est sa capacité à être aussi bien pâturée que fauchée, à la fois au 1er cycle que pour les repousses, si la quantité d’herbe est suffisante.
Pour le pâturage, le choix doit se porter en priorité sur des variétés à feuillage souple, mieux consommées par les animaux et limitant les refus. Une fois les épis éliminés, la fétuque élevée est une plante non remontante qui fournit des repousses feuillues parfaitement adaptées à la pâture. L’association de la fétuque élevée avec le trèfle blanc est à privilégier, car la légumineuse fournit l’azote nécessaire au développement de la graminée et améliore l’appétence et la valeur alimentaire de celle-ci.
Pour une utilisation en fauche dominante ou mixte (fauche au 1er cycle puis pâture), le choix se portera sur des variétés dont les productions de printemps et annuelle sont élevées, même si elles sont un peu plus précoces d’épiaison et donc moins souples d’exploitation. La récolte peut avoir lieu indifféremment en ensilage, enrubannage ou foin. A noter que la fétuque élevée se prête particulièrement bien à une récolte en foin, car elle sèche rapidement. Etant plus riche en sucres que le dactyle, elle s’ensile plus facilement que ce dernier. Attention toutefois à la valeur alimentaire plus faible chez la fétuque élevée. Idéale en troupeaux allaitants, la valeur du fourrage sera une limite pour les animaux à forts besoins comme les femelles laitières.
Conduite et exploitation
Une fertilisation NPK adaptée aux objectifs de production
Comme toutes les graminées, la fétuque élevée a besoin d’azote pour exprimer son potentiel de production. Globalement, la fétuque élevée a une très bonne réponse à la fertilisation azotée. Les calculs de doses d’azote sont basés sur la méthode des bilans, décrite dans la brochure du Comifer “Calcul de la fertilisation azotée” www.comifer.asso.fr. Pour les doses maximales à apporter et les périodes d’apport sur prairies, se référer à la réglementation locale.
Le premier apport d’azote doit se situer à proximité de 200 °C cumulés en base O à partir du 1er janvier.
L’application “Date N’ prairie” www.datenprairie.arvalis-infos.fr développée par Arvalis - Institut du végétal permet de connaître facilement cette date dans toute région en France. Les apports ultérieurs se raisonnent par cycle de production sur la période de printemps.
S’ils sont nécessaires, les apports de phosphore et de potasse sont réalisés par l’épandage d’engrais de ferme ou par une fumure de fond minérale. Pour des prairies âgées de plus de 2 ans, le pilotage de la fertilisation P et K se raisonne par des analyses d’herbe, réalisées au stade montaison.
Associations et prairies multi-espèces
Une espèce fréquente dans tes mélanges
De par son adaptation à de nombreux types de sols et de climats, la fétuque élevée est la graminée dont le spectre d’utilisation pour des mélanges prairiaux de longue durée est le plus large. Elle rentre donc utilement dans la composition de nombreux mélanges, le plus fréquemment pour une utilisation mixte fauche-pâture, mais aussi pâture ou fauche dominante.
Pour la fauche, associée à la luzerne ou au trèfle violet, veiller à l’équilibre fétuque élevée/dactyle
La fétuque élevée s’associe à la luzerne ou au trèfle violet pour une utilisation préférentielle en fauche. Le dactyle se montre assez régulièrement dominant par rapport à la fétuque élevée lorsqu’il est présent dans la prairie multi-espèces.
Pour la pâture, en association avec le trèfle blanc et le ray-grass anglais
Espèce relativement sociable, la fétuque élevée s’adapte parfaitement bien en association simple avec le trèfle blanc, tout comme en prairies multi-espèces. Dans ce cas, il est possible de lui associer du raygrass anglais, qui couvre le sol rapidement à l’implantation et dont l’appétence est très bonne, du lotier corniculé qui présente un intérêt en zone séchante, du trèfle blanc ou d’autres espèces.
Ce qu’il faut retenir :
La fétuque élevée est très utilisée en association ou en mélange avec d’autres espèces.
Elle s’associe avec la luzerne ou le trèfle violet pour une utilisation préférentielle en fauche, ou avec le trèfle blanc et le ray-grass anglais pour le pâturage.
En prairies multi-espèces, sa présence est négativement influencée par celle du dactyle.
Adapter la conduite à la présence des légumineuses, en particulier ajuster la fertilisation azotée.
Valeur alimentaire
Une digestibilité améliorée par la sélection varietale
A l’origine très peu digestible de par ses feuilles rigides et coupantes, le travail d’amélioration génétique de la fétuque élevée a permis peu à peu de gommer ce défaut en sélectionnant des variétés à feuilles plus souples, plus appétentes et plus digestibles. Cependant, la fétuque élevée reste l’une des graminées les plus pauvres en énergie. C’est pourquoi il est préférable de la réserver aux troupeaux allaitants et aux animaux à besoins modérés comme les génisses d’élevage.
Une valeur azotée correcte
Au niveau de la teneur en Matières Azotées Totales (MAT), la fétuque élevée se situe dans la moyenne des graminées.
Des repousses de bonne qualité
Une fois l’épiaison du printemps maîtrisée, les repousses sont exclusivement feuillues car la fétuque élevée n’est pas remontante. Leur exploitation doit se faire toutes les 5 à 6 semaines pour conserver une bonne qualité (voir tableau ci-dessous).
Conservation facile en ensilage, en enrubannage et en foin
La fétuque élevée est une plante qui ne présente aucune difficulté pour être récoltée indifféremment dans ces trois modes de récolte. Avec ses feuilles larges, elle sèche facilement. Il faudra cependant veiller à ne pas récolter trop tardivement au 1er cycle, au risque de détériorer la valeur alimentaire du fourrage, qui sera alors à réserver à des animaux à besoins modérés à faibles en hiver, comme les génisses de 2 ans en élevage allaitant. A noter que la richesse en fibres d’un foin de fétuque élevée en fait un fourrage complémentaire intéressant de l’ensilage de maïs pour des vaches laitières.
Ce qu’il faut retenir :
La digestibilité de la fétuque élevée a été améliorée par le travail de sélection, avec notamment les variétés à feuillage souple.
Elle nécessite toutefois d’être exploitée tôt avant le début de l’épiaison au 1er cycle, pour garantir la qualité du fourrage.
Les repousses sont ensuite exclusivement feuillues.
Le séchage en foin ne présente pas de difficulté liée à l’espèce.
Le foin, riche en fibres, est à réserver aux animaux à besoins modérés.
Gnis - D’après une brochure élaborée en collaboration avec Pascale PELLETIER PRAIRIE CONSEIL
36160 POULIGNY SAINT-MARTIN www.prairieconseil.com
Conseil, expertise et formation sur la prairie, du semis à la valorisation, en agriculture conventionnelle et biologique.
Adresses utiles Retrouvez de nombreuses informations techniques sur le site dédié aux prairies : www.prairies-gnis.org Suivez l’actualité fourragère avec les articles et témoignages du journal Herb’actifs ! sur : www.herbe-actifs.org La liste des variétés de fétuque élevée inscrites au catalogue français depuis 2000 est consultable sur le site : www.herbe-book.org