La race Mérinos d’Arles

La mérinos d’Arles, originaire de la plaine de Crau, est aujourd’hui  essentiellement présente en région Provence Alpes Côte d’Azur (90 % des effectifs) de la race. 

La race  Mérinos d’Arles

Origine et implantation


La race Mérinos d ́Arles est apparue durant le XIXe siècle dans le sud-est de la France. Elle est issue de croisements entre des brebis locales à laine fine et des béliers Mérinos venus d’Espagne, via la bergerie impériale d’Arles. Celle-ci a fortement contribué à diffuser cette race dans la région à partir de 1804, imitant ce qui s’était fait à la bergerie nationale de Rambouillet. Par l’apport de sang mérinos, une race reconnue pour sa production lainière en quantité et en qualité, les éleveurs cherchent tout d’abord à en faire une race destinée à produire de la laine. 

Le Syndicat des éleveurs de Mérinos d’Arles est créé en 1921 et la race, jusqu’alors appelée métisse, est baptisée Mérinos d’Arles. Suite à l’effondrement des cours de la laine, une des premières initiatives du syndicat est d’infuser dans la race du sang de Mérinos Précoce pour améliorer son format et sa précocité. En 1928 la sélection de la race est confiée au Domaine du Merle qui accueille de 1955 à 1988 un troupeau pépinière de 150 à 190 béliers qui sont loués aux éleveurs de la région.


La Mérinos d’Arles est principalement concentrée dans la région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui regroupe 90 % des effectifs, et notamment dans la plaine de la Crau dans les Bouches-du-Rhône où l’on dénombre environ 120 000 des 250 000 brebis que compte la race. Localement, cette race est encore appelée métisse.

Standard de race et caractéristiques

C’est une race ovine rustique, de petit gabarit (60 kg pour 65 à 70 cm pour la brebis et 70-90 kg pour 80 à 100 cm pour le bélier).

La tête est large, munie (banard) ou non (motte) chez le mâle de grandes cornes de section triangulaire, finement striées et enroulées régulièrement en spirale. Le chanfrein est légèrement busqué et plissé chez le mâle.

La laine est de couleur blanche, homogène, avec une toison très étendue et épaisse, qui recouvre le front et les bajoues, l’intégralité du corps jusqu’aux sabots. La tête est coiffée un peu au-dessous des yeux. Les mèches sont fines, longues, souples, résistantes et fortement ondulées. Le poids moyen des toisons est de 2,5 kg pour les brebis, 5,5 kg pour les béliers. La laine de Mérinos d’Arles est la plus fine d’Europe : 21,5 microns en moyenne et elle est l’une des plus gonflantes au monde. Le rendement au lavage est faible, autour de 41%.

Résistante, la Mérinos d’Arles est capable de marcher sur de longues distances pour trouver sa nourriture, notamment en alpage. Elle supporte des variations qualitatives et quantitatives de ration quotidienne grâce à une bonne capacité à mobiliser ses réserves corporelles de gras, notamment à certaines périodes de l’année (fin d’hiver à mi-avril). La qualité de sa toison est un barrage naturel contre les agressions climatiques (pluie, froid, canicule) en montagne mais aussi durant la saison d’hivernage en Crau. On peut aussi mentionner son instinct grégaire, son comportement très maternel et son aptitude à entrer en gestation pendant toutes les saisons de l’année (dessaisonnement). Toutes ces qualités font de la Mérinos d’Arles l’emblème de la grande transhumance.

Systèmes d’élevage et types de production

Les trois races locales, Mérinos d’Arles, Mourérous et Préalpes du Sud sont adaptées aux systèmes d’élevage pastoraux méditerranéens, qui se caractérisent par :

• Des systèmes d’alimentation dont la composante pastorale est plus ou moins marquée, en fonction de la disponibilité des grands types de ressources (fourragères cultivées et/ou pastorales) que le troupeau pâture au cours de l’année. Sans oublier la pratique fréquente de transhumances, estivale vers les hautes montagnes alpines, ou parfois hivernale vers les zones de coteaux ou des plaines méditerranéennes.

• Une conduite de la reproduction relativement extensive, qui se fonde en priorité sur une ou deux périodes de mise bas par an, aux saisons où l’herbe pousse, le printemps et automne, plus rarement en hiver pour s’adapter aux demandes du marché de l’agneau.

• De modes d’élevages des agneaux et de types de produits variés qui vont :

- des agneaux produits en bergerie, finis pour la boucherie, plus ou moins lourds, dont l’Agneau de Sisteron Label Rouge et IGP,

-... à des agneaux produits à l’herbe de type tardons ou coureurs, plus ou moins finis, pour la boucherie ou l’engraissement,

- sans oublier, la production et la vente d’agnelles pour la reproduction.

La Mérinos d’Arles est très fortement associée aux systèmes transhumants avec deux périodes de mise bas : une principale à l’automne au retour d’alpage et une au printemps. En fonction de la ressource en herbe disponible et de la proximité des bassins de consommation, les agneaux produits sont de type coureurs (plaine de la Crau) ou de bergerie (zone préalpine et montagnarde). Le croisement des brebis avec des béliers de races bouchères de type Ile de France est largement utilisé afin d’améliorer la conformation et la vitesse de croissance des agneaux produits sous signe officiel de qualité.

Concernant la laine, jusqu’en 2015 les cours de la laine étaient très bas ne permettant pas de payer le tondeur certaines années. Depuis le marché est reparti à la hausse, les consommateurs se tournent vers des produits naturels et les circuits de vente directe se développent. Les éleveurs, de plus en plus nombreux, montent individuellement ou collectivement des projets de valorisation de la laine qu’ils produisent.

Celle-ci, de haute qualité, permet de réaliser des vêtements de 2ème peau (vestes, pulls), des accessoires (écharpes, bonnets, chaussettes) ou plus classiquement des laines à tricoter. L’association Collectif pour la promotion du Mérinos d’Arles (CPMA), créée en 2018, travaille sur la valorisation des produits de la race et plus particulièrement de la laine au travers notamment du développement de vêtements techniques de randonnée.

Lien avec le territoire

De par l’utilisation forte du pâturage, que ce soit en zone de plaine, de colline ou en alpage, les trois races locales ont un rôle d’entretien du paysage et écologique : prévention des risques d’incendies et des avalanches, préservation de la biodiversité faunistique et floristique, ouverture des milieux, stockage du carbone, ... sans oublier le rôle social, culturel et patrimonial de l’élevage.

Cependant depuis 1992 les troupeaux sont confrontés de plein fouet à la prédation du loup présent principalement sur l’arc alpin mais qui s’étend aujourd’hui sur une grande moitié sud et est de la France.

Malgré la mise en place de différents moyens de protection, les attaques ne cessent d’augmenter, de jour comme de nuit, mettant en péril l’élevage pastoral.

Une sélection depuis 1921

1921 : Création du Syndicat des éleveurs du Mérinos d’Arles

1946 : Mise en place du Flock Book de la race

1980 : Agrément de l’UPRA Mérinos d’Arles

2008 : Agrément de l’Organisme de Sélection (OS) GEN’OSE

2010 : Agrément de l’OS Races Ovines du Sud-Est


Missions de l’organisme de sélection

Le Comité de race Mérinos d’Arles de l’OS Races Ovines du Sud-Est :

• Définit les orientations de la race et des objectifs de sélection

• Gère le fichier racial

• Est responsable du contrôle de performances et de l’indexation

• Coordonne la qualification des reproducteurs

• Coordonne le travail technique du centre d’élevage de jeunes béliers situé à Valernes (Alpes-de-Haute-Provence)

• Communique sur la race lors de manifestations et de salons régionaux et nationaux

Schéma et objectifs de sélection

Le schéma de sélection repose sur 14 élevages pour près de 14 600 brebis soit en moyenne des troupeaux de 1 040 têtes. 

Les élevages sont situés sur 3 régions : Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie et sur 6 départements.

Les principaux objectifs du schéma de sélection de la race sont :

• Conservation des caractères de la race : morphologie générale de l’animal, qualité de l’encornement (lorsqu’il est présent), qualité et finesse de la laine, rusticité, dessaisonnement, prolificité

• Amélioration de la valeur laitière des brebis

• Amélioration de la résistance génétique à la tremblante

Les femelles sont classées en fonction de leur note de pointage du standard et de leurs index valeur laitière et prolificité. Les meilleures sont qualifiées mères à béliers et mères à agnelles, elles représentent respectivement 21% et 34% de la base de sélection.

La sélection génétique se fait prioritairement sur la voie mâle et sur ascendance. La quasi-totalité des éleveurs sont sélectionneurs, c’est-à-dire qu’ils fournissent en béliers le centre d’élevage de Valernes, géré par la coopérative Agneau Soleil, qui accueille également les races Préalpes du Sud et Mourérous.

Pour rentrer en centre d’élevage, les agneaux doivent être issus de mères à béliers, de pères connus, être résistants à la tremblante (arr/arr) et avoir un bon poids-âge-type 30 j.

Chaque année, le centre d’élevage reçoit environ 120 béliers de 5-6 mois de mars à septembre. En sortie de centre d’élevage, les béliers sont vendus prioritairement aux éleveurs en base de sélection puis à la coopérative Agneau Soleil qui assure ainsi la diffusion.

Depuis 2015, les éleveurs utilisent l’assignation de parenté, technique génétique basée sur la comparaison des ADN de l’agneau et de ses pères potentiels pour retrouver la filiation. Grâce à cet outil, l’objectif est de passer de 13% de paternité connue sur les agnelles à plus de 80%. Cela permettra d’améliorer la précision des index, de créer de la connexion entre les élevages et de gérer la variabilité génétique.


Le gène Booroola

L’OS ROSE gère également un schéma de Mérinos d’Arles Booroola possédant un gène d’hyperprolificité.

Découvert en Australie dans les années 1980, le gène Booroola a été introgressé par croisements successifs dans la population de Mérinos d’Arles de la ferme de Sup’Agro Montpellier Domaine du Merle par l’INRA. 


Le schéma de production de Booroola repose sur différentes étapes :

- Les béliers Booroola FF (homozygotes) naissent au Domaine du Merle

- Ils sont ensuite utilisés sur des brebis Mérinos d’Arles chez des éleveurs multiplicateurs pour produire des agnelles Booroola F+ (hétérozygotes). Les brebis F+ ont une prolificité moyenne de 2,1.

- Les agnelles F+, vendues via la coopérative Agneau Soleil à des éleveurs utilisateurs, sont misent en lutte avec des béliers de races bouchères pour fournir la filière en Agneaux de Sisteron Label Rouge et IGP.