Les avortements d’origine infectieuse en élevage ovin

Qu’est-ce qu’un avortement infectieux ?

C’est l’expulsion d’un fœtus ou d’un animal mort-né ou succombant dans les 12 heures suivant la naissance, à l’exclusion des avortements d’origine manifestement accidentelle.

Les avortements d’origine infectieuse en élevage ovin

Rappel  
La déclaration des avortements est obligatoire à partir de 3 avortements ou plus en 7 jours ou moins !
Obligation du passage d’un vétérinaire sanitaire dans le cadre de la recherche de la brucellose.
La visite du vétérinaire est prise en charge par l’Etat dès le premier avortement.


Importance de l’impact économique
 

Les avortements peuvent avoir des conséquences économiques très importantes !
A l’échelle de l’élevage on peut observer jusqu’à 60 % des femelles d’un lot d’agnelage qui avortent et cela peut représenter jusqu’à 30 à 50 % d’un troupeau.
A l’échelle de la filière cela implique comme conséquences économiques :
- moins d’agneaux/de chevreaux aux périodes de commercialisation,
- moins de lait par femelle chez les laitières (problématique accru pour les primipares),
- productivité numérique inférieure (avortements et mortalité chez les jeunes),
- conséquences au cours des années suivantes (transmission des infections/infestations, maintien de l’excrétion, impacts potentiels sur la fertilité),
- conséquences économiques de la brucellose pour les filières
- impacts potentiels sur la santé humaine.

Impact financier : il a été constaté que les pertes s’élèvent à pratiquement 10 € par brebis !!! Lors d’un épisode d’avortement, la perte peut être chiffrée à 75-80 € par fœtus en élevage ovin allaitant.

Les différents agents infectieux

Il est important de noter que la plupart des maladies abortives sont transmissibles à l’Homme. La fièvre Q et la brucellose sont fortement zoonotiques. D’autres le sont dans des conditions particulières : toxoplasmose (ingestion d’ookystes ou de bradyzoites), salmonellose, chlamydiose. Les modes de transmissions à l’Homme sont également variés (ex : directement au moment des mises-bas par contact cutané ou par inhalation pour la fièvre Q, à partir du lait pour certaines Salmonelles, de la viande pour la toxoplasmose).
Rappelons également que la brucellose et la fièvre Q sont des maladies professionnelles à prendre en compte si l’éleveur a des salariés.

Les solutions possibles : les mesures d’hygiène

Prévenir les avortements

Lors d’achat d’animaux : demander des garanties sur le statut sanitaire (vaccination…) et isoler les animaux achetés éloignés d’un lot en gestation.

Gestion sanitaire : s’assurer d’un bon déparasitage du troupeau, éviter les stress sur des femelles en gestation en limitant les manipulations, tenir les points d’eau propres et éviter la présence de chats ou de rongeurs, ramasser et éliminer les produits de la mise-bas (placenta) hors de portée des animaux domestiques (chiens, chats).

Mesure d’hygiène particulière : mettre à disposition un pédiluve (changer tous les 100 passages de bottes) à l’entrée de l’exploitation et des bâtiments d’élevage.

Prévention sanitaire : penser à la vaccination sur les animaux de renouvellement.

Lors d’avortements

Protection des personnes : porter des gants lors des interventions, éviter l’exposition des personnes plus fragiles (femmes enceintes, personnes âgées.).

Protection des animaux : isoler les femelles ayant avorté sans les mélanger avec des animaux destinés au renouvellement, ne pas faire adopter des agneaux par des femelles ayant avorté.

Protection de l’environnement : éliminer les produits de la mise-bas pouvant être contaminants (placenta, fœtus, litière souillée …) et désinfecter les locaux et le matériel ayant été en contact avec ces produits
   

Il existe différents agents infectieux responsables d’avortements chez les ovins. Les conditions de transmission varient ainsi que les symptômes. Cependant retenons que le diagnostic de laboratoire a privilégié reste la détermination de l’agent infectieux par PCR sur des organes de l’avorton ou des prélèvements vaginaux. Enfin malgré la possibilité que les causes de l’avortement soient non infectieuses (liés au stress lors de manipulation, à l’alimentation par des carences ou la circulation de toxines, à un parasitisme trop important…) il convient de respecter un certain nombre de mesures d’hygiène. Ces mesures d’hygiène permettent de limiter l’installation d’agent infectieux dans les élevages et de diminuer la propagation des agents infectieux déjà présents.