Quelques règles pour l’implantation d’une prairie

Quelques règles pour l’implantation d’une prairie

Le travail du sol

Le guéret doit être suffisamment fin en superficie (terre fine, avec des mottes inférieures à 3-4 cm), pour faire un bon lit de semences, et suffisamment rappuyé . En semis d’automne, il peut être judicieux, derrière une céréale, par exemple, de déchaumer tout de suite après la récolte, ce qui aura le double avantage d’ameublir le sol et de favoriser des levées d’adventices. Ensuite, un labour avant le semis est conseillé pour enfouir les débris végétaux et obtenir une surface propre et homogène. Le labour sera ensuite travaillé avec une alternance d’outils à disques et à dents, avant de rouler, avant le semis, avec un rouleau type crosskill (de préférence à un rouleau lisse).

Le semis

Le semis se fera idéalement à une profondeur de 1 cm, qui peut être obtenu avec un semoir classique à céréales dont on aura enlevé les descentes (de préférence à un semis à la volée au centrifuge, car la légèreté des graines rend la régularité de semis aléatoire avec cette technique) : la graine est ainsi déposée en surface, et un dernier roulage au crosskill permettra d’obtenir une profondeur d’implantation de la graine satisfaisante. Là encore, l’utilisation d’un rouleau lisse augmente les risques de battance ou de croûtage. N’oublions pas que la graine fourragère est petite, avec peu de réserves : il faut donc que la plantule arrive rapidement à la lumière pour démarrer la photosynthèse et l’absorption des éléments minéraux avant épuisement de ses faibles réserves. Sa petite taille nécessite par ailleurs un contact fin avec le sol, gage d’une humectation rapide et efficace : d’où l’importance de l’émiettement en superficie. Pour la même raison, la graine ne doit pas rester en surface sur le sol, mais être légèrement enfouie.

Le désherbage

Le désherbage des prairies est délicat, surtout dans des prairies de mélange graminées-légumineuses. La destruction des repousses de cultures précédentes par des désherbants totaux type glyphosate avant le semis est donc importante. D’où l’intérêt du déchaumage précoce, qui permet d’obtenir des levées d’adventices (malheureusement pas toutes). En cas de présence importante de dicotylédones (en particulier rumex et chardon), compléter avec des produits spécifiques dicots de type hormone, par exemple (2-4mcpa, 2-4D....). En intervention post-semis, faire bien attention à l’homologation «prairie» des produits (tous ne l’ont pas). En particulier dans les prairies mixtes graminées légumineuses, une intervention sur prairie «jeune» est compliquée (peu de produits disponibles). Lorsque la prairie est installée, les adventices le sont aussi, et sont donc beaucoup plus difficiles à contrôler. D’où l’intérêt d’en détruire le maximum avant le semis.

Les ravageurs

Les ravageurs peuvent également compromettre la réussite du semis. Surveiller en particulier les limaces, les larves de taupins, de tipule, de hannetons («vers blancs») et de noctuelle. En cas de situation à risque (précédent prairie, ou sols très motteux), on peut prévoir une intervention préventive. Dans tous les cas, une surveillance par piège s’impose, avec une intervention rapide dès que le risque est détecté.

Les dates de semis

Les dates de semis devront être envisagées pour que la jeune prairie arrive aux premières gelées suffisamment développée pour y résister. Pour un semis d’automne, on peut commencer dès début août si les conditions s’y prêtent. Au-delà du 20 septembre, selon les régions, on prend le risque d’avoir les plantes trop jeunes pour bien résister au froid.

La densité de semis

La densité de semis est un facteur très variable, en fonction des conditions de semis, des dates, des espèces présentes en cas de mélange. Les doses repères sont les suivantes : 15 à 25 kg/ha pour les graminées (dactyle fétuque ray-grass), auxquels on peut rajouter 2 à 3 kg de trèfle blanc, par exemple. Il existe également des mélanges prêts à l’emploi, soit composés seulement de graminées, ou d’une association graminées-légumineuses. Dans ce dernier cas, bien veiller à mélanger régulièrement les semences dans la trémie du semoir, les graines de légumineuses, plus denses, ayant tendance à se déposer au fond de
la trémie. Ajuster aussi les doses en fonction des pertes prévisibles (25% en moyenne), fonction essentiellement des conditions de semis. L’objectif est d’atteindre une levée d’environ 500 pieds au m² (250 pour les bromes et les RGI).