Valoriser la laine avec le feutrage Exemple avec les toisons des moutons d’Ouessant

Au détour du chapiteau de présentation des races ovines sur le salon Tech-Ovin, on découvre une personne occupée à feutrer de la laine. Mais pas n’importe laquelle, celle des petits moutons noirs présentés à proximité.

Membre de GEMO (Groupement des Eleveurs de Moutons d’Ouessant) M. Langlois nous livre ses secrets pour un bon feutrage. Mais avant cela, parlons un peu de ce petit mouton d’Ouessant.

Valoriser la laine avec le feutrage Exemple  avec les toisons  des moutons d’Ouessant

Ce petit mouton (le plus petit mouton au monde semble t-il) est bien plus connu pour ses qualités de “tondeuse écologique” que pour ses performances dans les filières viande, lait ou laine.

Ses origines

Comme son nom peut nous le laisser deviner, il est originaire de l’île d’Ouessant, au large des côtes bretonnes. En 1852 on recense 6000 moutons sur les 1562 hectares de l’île. Lors de la première moitié du 20ème siècle, le mouton d’Ouessant a subi des métissages. Des animaux de race pure avaient cependant été conservés par des châtelains dans leur état originel. Ces quelques sujets ont permis sa conservation par l’intermédiaire de passionnés entraînés par Paul Abbé (fondateur de GEMO, créé en 1976) pour éviter la disparition de la race.

Comme indiqué précédemment, c’est un petit mouton qui ne mesure à l’âge adulte que 49 cm au garrot maximum pour le bélier et 46 cm pour la brebis. Le bélier arbore une paire de cornes enroulées.

La robe noire est largement majoritaire mais il est possible de croiser des Moutons d’Ouessant à la robe blanche et quelques exemplaires à la robe grise ou brune, peu nombreux, mais en effectifs croissants. 

Standard officiel de la race


1. Tête :

Fine et régulière, avec cornes pour les béliers, chanfrein et front formant une ligne continue. Très léger chanfrein chez le bélier.

Œil : Brillant, regard très vif, orbites saillantes.

Oreille : Fine, petite, courte, mobile, tendant à se dresser.

Corne : Sombre pour les noirs et les bruns, claire pour les blancs, section triangulaire, forte, enroulée d’une seule spirale de grande amplitude à bonne distance de la tête.

2. Cou :

Rond, sans fanon, cravate chez les béliers.

3. Tronc :

Garrot non saillant, poitrine profonde.

4. Dos :

Ligne de dessus droite, du garrot à la base de la queue.

5. Bassin :

Large

6. Membres :

Fins, de longueur moyenne, bien proportionnés, bons aplombs. Onglons sombres pour les noirs et les bruns, clairs pour les blancs.

7. Hauteur maximum au garrot :

Béliers : 49 cm. Brebis : 46 cm. (A l’âge adulte = 3 ans.)

8. Couleur :

Toutes teintes uniformes : Noire, noire brunissante, brune, blanche. A fond roux pour la couleur blanche, d’où un aspect légèrement roussâtre, surtout à la tête, aux pattes et à la queue.


Causes de disqualification 

- Trop grande taille, mauvais aplombs, mauvais onglons.

- Membres trop développés.

- Pour les béliers : cornes trop dissymétriques, ou trop frêles, ou trop serrées, ou trop écartées. Absence de cornes.

- Couleur pie.

- Queue trop longue, oreilles trop grandes, chanfrein busqué chez la brebis ou trop busqué chez le bélier.

- Présence de pendeloques sous la gorge.


Sont admises chez les jeunes sujets :

Pour les noirs : légère marque blanche au front.

Pour les blancs : marques rouges sur le cou, la queue et les pattes.

Ces marques s’atténuent avec l’âge.


Remarques :

- Il est apparu, très rarement, chez certaines brebis, des petites cornes sans pivot osseux. Dans l’état actuel des observations, cela ne peut pas être considéré comme un défaut.

- Bien que hors standard, il faut remarquer que les naissances simples sont caractéristiques de la race. Les naissances gémellaires sont rarissimes et non recherchées.


9. Laine :

Etendue : Toison garnissant le front, une partie des joues, revêtant tout le corps et descendant au moins jusqu’aux genoux et jusqu’aux jarrets.

Couleur : Noire, brune, marron, blanche. La pigmentation doit être homogène dans toute la toison.

Texture : Toison semie-fermée de bon tassé, mèches de 8 à 10 cm pour une pousse de 12 mois. Présence de poils et hétérotypes, fibres possédant un canal modulaire. Localisation : gorge (cravate), surtout accentuée chez le bélier, nuque, bas de cuisse. De même nuance que l’ensemble de la toison, ces poils peuvent être plus foncés.

Finesse moyenne : 27 à 28 microns.


Causes de disqualification 

- Toison hors standard.

- Couleur hétérogène, taches dans la toison.

- Toison creuse, feutrée.

- Manque d’étendue, de tassé, de longueur de mèche.

En élevage

C’est un animal rustique qui se contente de peu. Il est adapté à l’élevage d’agrément. Il faut toutefois  prévoir un abri équipé d’un râtelier contenant du foin pour qu’il se régule en fonction de ses besoins en alimentation sèche. Il est nécessaire également qu’il dispose d’une pierre à lécher de compléments minéraux « spéciale ovin ».

Les agnelages se déroulent sans l’intervention humaine et en toute discrétion, bien souvent à l’écart du troupeau. Les brebis n’ont généralement qu’un seul agneau par an.

Le dernier recensement de 2015 de GEMO, effectué auprès de leurs adhérents, donnait un effectif de 2680 têtes. On estime à 5000 l’effectif sur tout le territoire. Les élevages sont à 40 % de petite taille (1 à 5 brebis). 

Quand vient la tonte

Pour le bien-être des animaux, le mouton d’Ouessant doit être tondu chaque année. La période la plus propice est la 2ème quinzaine de juin.

Pour faciliter l’utilisation des toisons après-tonte, il y a quelques précautions à prendre pour qu’elles soient les plus propres possible. 

Les voici :

Avant la tonte :

- Eviter les toisons souillées par des déchets végétaux.

- Avoir des toisons de préférence sèches et pas trop « crottées ».

- Eviter de ramasser les animaux dans un lieu avec de la paille, mousse, brindilles.


Lors de la tonte :

- Tondre sur une surface propre.

- Maintenir les toisons les plus entières possible.

- Stocker si possible en faisant un premier tri (ex : par couleur) pour une reprise plus facile en vue du nettoyage.


Après la tonte :

- Enlever les végétaux et les crottes des toisons.

- Plier les toisons en 3 puis les rouler de l’arrière vers la tête, pour les classer selon la destination.

- Les conditionner dans un sac en papier (il est possible de les regrouper) et les stocker au sec en surveillant les rongeurs et mites. Dans de bonnes conditions, les toisons se gardent 2 ans.


Que faire des toisons ?

Si l’on souhaite les conserver et les utiliser, après la tonte c’est lavage, cardage puis filage ou feutrage et confection. Pour avoir un volume suffisant à traiter, l’association GEMO peut regrouper les toisons lors de déplacements, de visites ou rencontres de membres.

Sinon, les toisons, matériau vivant, peuvent aussi servir pour le paillage dans les plantations ou en compost pour le potager.


Comment feutrer la laine du mouton d’Ouessant ?


La toison qui vient d’être prélevée sur l’animal est vérifiée. On retire les souillure éventuelles, les brindilles...  on en profite pour retirer le jarre qui est une fibre grossière et dure qui a l’intéret de protéger le mouton des intempéries mais qui a des propriétés moins intéressantes que la laine. On le retire au maximum des toisons, mais il reste présent chez la plupart des races dont celle des Ouessants. C’est à cause de ce jarre qu’on dit que la laine gratte. 

Puis la laine doit être débarrassée de son suint pour être travaillée. Pour cela elle est trempée dans une solution d’eau chaude et de savon, sans la frotter car la laine du mouton d’Ouessant est une laine qui se feutre naturellement. La toison est ensuite mise à sécher pour être cardée et débarrassée de ses nœuds.


De la chaleur et du frottements pour feutrer la laine


Sur chaque fibre de laine il y a des petites écailles qui s’ouvrent sous l’action de la chaleur. Par le frottement, les écailles sont venir s’accrocher les unes aux autres et permettre ainsi le feutrage. 

Pour obtenir une plaque de feutre, on défini la forme désirée sur la table de travail en fonction de l’objet que l’on souhaite réaliser. Dans le cas présent c’est un rectangle de papier bulles qui sert de gabarit et qui servira également à la mécanique du feutrage.


On prélève des fibres de laine cardée que l’on dépose dans le même sens (le sens de cardage) sur l’espace de travail en effectuant un tuilage. On vaporise de l’eau savonneuse, chaude, sur cette première couche puis on vient recouvrir avec une seconde couche perpendiculaire à la première. On vaporise à nouveau d’eau savonneuse.

Le papier bulles peut être désormais appliqué sur la plaque et on procède à un succession de pressions et de légers frottements pour que les fibres de laine s’accrochent entre elles. On cesse le frottement lorsque les fibres sont liées et que la plaque est régulière en épaisseur. 

Il est alors temps de donner la forme finale à l’objet avant le séchage.

       


GEMO (Groupement des Eleveurs de Moutons d’Ouessant) est une association sans but lucratif (Loi de 1901) animée par des bénévoles. Affiliée à France Upra Sélection,
c’est l’unique organisation officiellement chargée pour toute la France de maintenir la race mouton d’Ouessant, d’encourager l’élevage d’animaux conformes au standard, de contribuer à sa promotion et d’en développer l’utilisation.

Les contacter :
Monique BRILLET-ABBE - 44880 SAUTRON
Tél. : 02 40 63 08 87
Email : brillet.abbe.gemo@gmail.com
www.mouton-ouessant.com