- Par Maya Diehl
Intoxication par la famille des Ericacées : rhododendron et azalées
Présents à l’état sauvage en France dans les régions des Alpes, des Pyrénées et du Jura, en terrain acide uniquement, les rhododendrons et les azalées ont été hybridées en de nombreuses variétés ornementales qui se trouvent également communément dans jardins et parcs.
Toutes les parties de ces arbustes sont toxiques : elles contiennent de l’andromédotoxine ou acétylandromedol, une grayanotoxine accroissant la perméabilité cellulaire aux ions sodium : l’action est similaire à celle du curare, avec inhibition des muscles striés squelettiques et cardiaque, stimulation des centres du vomissement et dépression du système nerveux central.
L’intoxication se fait par consommation des feuilles, des fleurs et des rameaux. La toxicité diminue avec la dessication de la plante.
Des cas ont été relevés chez de nombreux mammifères ainsi que les oiseaux de basse-cour et de volière : les caprins sont les plus fréquemment rencontrés avec une ingestion par curiosité, mais les autres ruminants et les équins sont également concernés notamment en période de sécheresse. Chez les petits ruminants, une dose équivalente à 0,1% du poids vif provoquera une intoxication, alors que chez la vache l’ingestion de 10 feuilles suffira pour déclencher des symptômes. Chiens et chats vont s’intoxiquer par ingestion ou mâchonnement de la plante, par jeu, ennui ou curiosité : une ou deux feuilles peuvent condamner un chien de petite taille. Chez l’homme, l’intoxination est déclenchée par consommation de miel de rhododendron.
Symptômes
Chez les mammifères, le premier symptôme quasi immédiat est une salivation intense (ptyalisme). Puis apparaissent en quelques heures des symptômes
Digestifs : par intermittence
- Vomissement en jet aqueux, diarrhée.
- Douleurs abdominales, coliques.
Nerveux (en cas d’intoxication importante) :
- Troubles de la locomotion.
- Abattement, apathie, prostration.
- Présence éventuelle de toux, de troubles de la vue.
- Difficulté respiratoire et cardiaque.
- Souffrance intense avec plaintes ou gémissements.
- Convulsions, crises tétaniques, paralysie.
- Coma, mort par dépression du système respiratoire (asphyxie).
Chez les oiseaux, les symptômes sont régurgitation, diarrhée et abattement.
Lésions non spécifiques à l’autopsie :
- Congestion de la carcasse et hémorragie.
Diagnostic
Essentiellement par l’anamnèse, la présence de la plante dans les environs et dans le tube digestif à l’autopsie.
Traitement symptomatique
car il n’existe pas d’antidote : charbon actif, pansement gastrique, réhydratation et correction des pertes en ions, traitement de la douleur ainsi qu’administration si besoin de tonicardiaques et respiratoires.
Prévention
- Supprimer l’accès aux haies et massifs par clôture permanente ou temporaire (électrique).
- Ne pas donner des déchets de taille de haies aux herbivores.
- Attention lors d’échappée d’animaux dans les jardins et parcs publiques !
- Ne pas consommer de miel issu du butinage d’Ericacées.