Les pathologies à manifestation nerveuse chez les ovins

Deuxième partie : diagnostic, prévention et traitement.

Pour mémoire, la première partie : Étiologie et manifestations cliniques est parue dans le N°846 - Juillet-Août 2014.

Les pathologies à manifestation nerveuse chez les ovins

Le diagnostic

La clinique :

Le contexte épidémiologique est le point central du diagnostic. Age des animaux touchés, stade physiologique (brebis gestante...), période d’apparition (mise à l’herbe...), alimentation, mode de vie... sont tout autant d’éléments indispensables à connaître afin de les mettre en lien avec la clinique.

La clinique consiste en l’observation des troubles manifestés (voir première partie Bulletin n°846). De grandes constantes sont observées parmi les pathologies nerveuses : paralysie, convulsions, troubles de la démarche... Cependant très peu sont spécifiques à une pathologie donnée. 

Afin d’établir un diagnostic épidémioclinique, il est donc important de relever les éléments suivants 

  • Association des différents troubles nerveux.
  •  Association avec d’autres symptômes non nerveux.
  • Modalité d’évolution.
  • Tableau clinique en «hyper» (excitation, réactions brusques, convulsions...) ou en «hypo» (abattement, paralysie, prostration...).

En dehors des cas où la symptomatologie est parlante, il ne s’agit parfois que d’une orientation dans le diagnostic. Il faut alors préciser les choses par d’autres éléments.

L’autopsie

De manière générale, elle est indispensable en cas de mortalité ! Elle apporte des informations essentielles. Cependant dans le cas des pathologies nerveuses, elle peut s’avérer décevante dans le sens où les lésions nerveuses sont rarement visibles à l’œil nu.

D’autres lésions associées peuvent être mises en évidence (odeur d’acétone en cas de toxémie, débris végétaux lors d’intoxication végétale, rein pulpeux en cas d’affections clostridiennes...).

Le diagnostic nécropsique est possible concernant les affections clostridiennes, la nécrose du cortex cérébral (foyer de nécrose dans le cortex), l’acidose aiguë (lésions digestives), les pathologies parasitaires (cœnurose et oestrose) et les abcès cérébraux.                                                                                                                                                              

Le laboratoire : 

Selon l’orientation donnée par la clinique, l’épidémiologie et parfois l’autopsie, il est possible pour le vétérinaire d’avoir recours aux examens complémentaires de laboratoire pour établir ou confirmer le diagnostic. Les types d’analyses possibles sont très divers : elles doivent donc être ciblées selon ce que l’on recherche et pour effectuer les prélèvements appropriés.

L’histopathologie permet de voir les lésions microscopiques (dégénérescence neuronale, démyélinisation...). Selon l’étiologie suspectée, il est possible d’effectuer une recherche de bactéries ou de virus (bactériologie, virologie...), des sérologies (recherche d’anticorps), des dosages biochimiques (teneur en plomb, en cuivre, en calcium...).

Prévention et traitement

Les pathologies virales :

Il n’existe pas de traitement, selon le virus le pronostic est variable. Lorsqu’on peut espérer une guérison, le traitement consiste uniquement au soutien des fonctions physiologiques. 

De manière globale, la prophylaxie est avant tout sanitaire : mesures d’hygiène et de désinfection classiques. 

Selon les pathologies des mesures sanitaires peuvent être établies de manière spécifique (statut sanitaire par sérologies dans le cadre de la lutte contre le Border Disease, lutte contre les tiques dans le cadre de la gestion du Louping ill...).

La prophylaxie médicale est très limitée (vaccination possible contre la rage, vaccination hors AMM contre le Border Disease).

Les pathologies bactériennes  : 

Dans le cas des pathologies à évolution lente, une antibiothérapie peut être tentée (listériose...). Concernant les entérotoxémies, l’évolution est trop rapide pour cela.  Le tétanos est irréversible et incurable.

De manière globale, la prophylaxie est avant tout sanitaire : mesures d’hygiène et de désinfection classiques, équilibre de la ration alimentaire qui sera adaptée en fonction du stade physiologique, désinfection des plaies,  hygiène et qualité de l’alimentation...

Concernant les affections clostridiennes (entérotoxémies et tétanos) la prophylaxie médicale est possible par vaccination des mères en gestation et/ou des agneauxLe protocole est à établir avec son vétérinaire selon la situation sanitaire de son troupeau (chaque élevage est unique !)

                                                                                         

Les pathologies alimentaires :

Par définition, la ration alimentaire est primordiale ! L’équilibre de la ration selon le stade physiologique de l’animal, le rythme de distribution, la complémentation minérale, la conduite d’élevage... autant de paramètres primordiaux  à contrôler pour l’état sanitaire du troupeau (mais également pour le résultat économique). La connaissance des besoins de l’animal selon son statut physiologique (gestation, croissance, état d’engraissement...) et son mode de vie (bergerie, mise à l’herbe) sont indispensables pour éviter les «accidents».

Concernant les traitements, il s’agit évidemment de corriger le déséquilibre alimentaire constaté, qu’il s’agisse d’une carence ou d’un excès (apport de calcium si hypocalcémie, précurseurs du glucose en cas de toxémie ...), et/ou de revoir le rythme de distribution, la transition alimentaire, le mode de distribution, l’appétence de l’aliment, la qualité de celui-ci, etc.

Le cas échéant selon la clinique rencontrée, il faut mettre en place des traitements symptomatiques (correction de l’acidose par traitement à effet tampon, ...).

Les pathologies parasitaires : 

Pour la cœnurose, il n’existe pas de traitement en dehors de la réforme de l’animal (trépanation si animal de valeur). La prévention consiste en la destruction des viscères de petits ruminants contaminant pour les chiens et en la vermifugation régulière des chiens.

Pour l’oestrose, on peut administrer des antiparasitaires à substances actives contre les œstres pour agir en préventif ou curatif. Il faut également lutter contre les mouches en bergerie.

Les intoxications végétales : cénurose

La prévention se limite à éviter dans la mesure du possible que les plantes toxiques soient consommées. Le traitement est essentiellement symptomatique.

Les intoxications minérales : 

De même, il convient d’éviter l’exposition des animaux aux minéraux toxiques (vieilles peintures au  plomb, sel de déneigement...) 

Le  plus souvent les traitements sont uniquement symptomatiques. Parfois un traitement «antidote» peut être administré (chélateur du plomb par exemple).

L’intoxication au sel se gère en traitement et en prévention, par une bonne gestion de l’abreuvement. 

La tremblante : 

Aucun traitement ! 

Il s’agit d’une maladie légalement réputée contagieuse et donc soumise à une réglementation spécifique. 

La lutte contre cette maladie passe notamment par :

  • pas d’introduction d’animaux en provenance de cheptels infectés,
  • pas d’utilisation de farines animales dans la nourriture,
  • favoriser le renouvellement avec des ovins porteurs d’allèle de résistance (ARR).

S’il existe une grande constance dans les symptômes nerveux observés, les causes possibles de ces derniers sont si variées qu’il n’est pas possible d’établir une ligne de conduite commune quant à la prévention et au traitement de celles-ci.  Il est indispensable de parvenir à préciser le type de pathologie en jeu pour prendre  les mesures nécessaires.